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                         PROST DE ROYER.                     313

 hébreu, et mura ou fœneratio en latin ; leur sens véri-
 table se trouvait défini par les épithètes qui les accom-
 pagnaient.
     Abordant le droit naturel, Prost de Royer montre, par
 de nombreux exemples, combien il serait inique que l'ar-
 gent ne rapportât pas d'intérêt, Plusieurs d'entre eux
 sont très-frappants. Ainsi, on peut louer cent marcs d'ar-
 gent en vaisselle ou en Å“uvre d'art, et on ne le peut pas
 s'ils sont réduits en monnaie; de telle sorte que l'effigie
 et les armes du souverain qui sont gravés sur l'argent
auront pour résultat de lui enlever toute sa valeur; car,
qu'est-ce qui donne de la valeur à un objet, si ce n'est le
profit que l'on en peut retirer?
    Il examine ensuite l'état des choses et leurs consé-
quences, mais en exagérant une situation qui a pu exis-
ter, mais seulement dans l'origine de la féodalité : « Que
« chez les Barbares et les Grecs, où le commerce était
« inconnu, qu'à une époque où, en France, dit-il, il n'y
« avait que trois corps dans la Nation : un peuple faible
« et serf qui cultivait sans posséder, une noblesse fière
« et barbare qui végétait aux dépens de ses vassaux et
« de ses voisins, un clergé ignorant et ambitieux qui,
« recevant plusieurs fois tous les biens du royaume, n'é-
« tait occupé qu'à jouir (1) » que, dans de telles condi-
tions, le prêt à intérêt soit proscrit, cela ne le surprend
pas : car partout où le commerce et la liberté ne régnent
pas, la confiance et le prêt de l'argent sont nuls. Mais
que dans des siècles plus éclairés et plus heureux, que
chez des peuples libres et commerçants, l'argent ne se
prête pas ou se prête sans intérêt, cela est contraire au
bon sens. D'ailleurs, la situation était-elle la même au

 (1) Prost de Royer Lettre sur le prêt à intérêt, page 26.