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S08                   PROST DE ROYER.

 les anciennes routines suivies jusqu'à cette époque presque
 servilement par les avocats. Des hommes d'un réel mé-
 rite avaient enfin montré quelle était la véritable élo-
 quence du barreau. Car, avant eux, l'avocat, trop sou-
 cieux de faire preuve d'érudition et de savoir, mêlait à
 son plaidoyer le grec et le latin et semblait se préoccuper
 d'autant moins des vrais intérêts de son client. La comé-
 die des Plaideurs avait flagellé ces ridicules et pédan-
 tesques habitudes. Les d'Aguesseau, les Coehin, et tant
 d'autres illustres avocats, étaient devenus les modèles
 de cette nouvelle éloquence.
    Ce fut à ce moment qu'Antoine Prost de Royer fut en-
 voyé à Paris. Laborieux, désireux de s'instruire, et doué
 de talents supérieurs, il ne tarda pas à acquérir l'habi-
 tude de manier la parole avec habileté, et à montrer ce
 qu'il serait un jour. Aussi, dès son retour à Lyon, le
 voyons-nous désigné pour prononcer l'oraison doctorale ;
 honneur exceptionnel pour un jeune homme qui n'avait
 pas encore atteint sa vingtième année.
    Cette cérémonie de l'oraison doctorale est peut-être
l'un des traits de mœurs les plus caractéristiques de nos
devanciers.
    Chaque année, le 21 décembre, jour de la Saint-Tho-
mas , c'était grande fête pour la ville de Lyon. Deux
nouveaux échevins étaient installés alors, en remplace-
ment de ceux qui se retiraient après l'accomplissement
de leur mandat biennal. Cette fête se célébrait avec une
grandô solennité : dès le matin, les cloches de toutes les
églises l'annonçaient en sonnant à toutes volées ; tous les
magasins donnant sur les rues, places et quais, devaient
demeurer fermés jusqu'à midi. Le consulat, les notables,
le peuple se réunissaient à l'Hôtel-de-Ville ; dans cette
grande assemblée les nouveaux échevins étaient reconnus