Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                        VICTOR DE LAPRADE                       503
             A ce bel étranger morose
             Qui voit les fleurs sans les cueillir,
             Fermez d'une chaîne de rose
             Le chemin qu'il prend pour nous fuir.

   C'est le temps de la fenaison. Cachés jusqu'aux genoux
dans les foins aux teintes violettes, les faucheurs rasent
les prés.
             Pourquoi t'enfuir
             Quand ou est si gai dans la plaine,
             Quand le (eu flambe à la maison.

   En effet, voici la nuit. Le dernier chariot, plein d'une
herbe odorante, vient de partir. Frantz le suit, attiré par ce
parfum, séduit par la voix si douce de Bertlie, la jeune
fermière.
   Mais aux jours de la moisson, quand les moissonneurs
allongent derrière eux
    « Les rangs d'épis tombés en réseaux parallèles, »
Frantz a fait aussi la sienne, une moisson plus riche encore,
une moisson d'amour.
    C'est pour toi que ces champs ont porté fruits et fleurs,
                   Ma belle ménagère !
    Tu prends avec amour ta part de mes labeurs ;
                   La mienne est plus légère.

    Ces travaux sont moins durs que n'était mon repos,
                   Ma solitude oisive ;
    Je sens, à tes côtés, mon cceur jeune et dispos ;
                    Ta grâce me ravive.

   Après la moisson, la vendange. Voyez-vous là-bas, au
bout de la montée, joindre ces feuilles d'or aux ceps ridés,
et ces vendangeurs, la serpe à la main, le rire sur lèvres,
pénétrer dans la vigne? Voyez-vous surtout ces garçons