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                 LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON               4f)3

d'octobre suivant, la Révolution n'a plus de retenue et
jette le masque. Tous les établissements religieux sont
supprimés et leurs biens sont confisqués ; la nation, cepen-
dant, donne le choix à leurs membres ou de rester dans
leurs maisons en y vivant d'une maigre pension que, dans
 sa générosité, elle leur alloue, en compensation de leurs
 riches revenus dont elle s'est emparée par la loi du plus
fort     seule loi que connaissent les révolutionnaires, ou
de se retirer de leurs monastères pour aller vivre où il
leur plairait, de ce morceau de pain noir qu'on leur jetait.
Les titres de nos établissements religieux lyonnais n'étant
pas encore inventoriés ou étant perdus pour la plupart, il
ne m'a été possible de retrouver qu'un seul des nombreux
procès-verbaux dressés alors par les officiers municipaux
de notre ville au sujet de ces options. Cet acte porte la
date du 27 mai 1790 et concerne le couvent des Domini-
cains. Cette célèbre maison était des plus anciennes, des
souvenirs historiques s'y rattachaient. Le pape Jean XXII
y avait été élevé au souverain Pontificat en 1316. —Dans
ce même lieu, Humbert de La Tour, dernier dauphin, avait
donné l'investiture du Dauphiné à Charles de France, duc
de Normandie, fils du roi Jean, et avait ensuite pris l'habit
de Saint-Dominique, pour mourir après, en 1355, prieur
du couvent de Paris et patriarche d'Alexandrie. Dans son
église reposaient, entre autres, Jacques de Bourbon,
comte de la Marche et son fils, tous deux morts à Lyon
des blessures qu'ils avaient reçues à la bataille de Brignais
contre les Tard-Venus en 1362, les Orlandini, les Gada-
gne et tant d'autres illustres morts dont la poussière et les
tombes brisées ont été jetées à tous les vents. Le 27 mai
1780, la maison des Dominicains comptait encore un
certain nombre de religieux. Dom Domergue, âgé de
61 ans, était le provincial ; Dom Terrasse, âgé de 72 ans,