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                LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON                45!)

de la Convention firent leur entrée dans notre malheureuse
ville, par le quartier de Saint-Just. Tous les habitants se
tenaient enfermés dans leurs maisons. La ville entière
était dans un morne silence et une cruelle anxiété obsédait
tous les esprits; on savait que les proconsuls de la Con-
vention marchaient en tête de l'armée et qu'elle était
désormais à leur merci. C'étaient Châteauneuf-Kandon,
Delaporte, Gautier, Dubois-Crancé, Couthon et Maignet.
   Le premiçr acte de ces hommes, exécuteurs des ven-
geances de la Convention, fut de faire connaître « aux
« amis, dignes Sans-Culottes, qu'ils allaient faire arrêter
« et livrer au glaive des Loix, la race impure qui a infecté
« le sol de la Liberté. » (Proclamation de Châteauneuf-
Randon.) Et le même jour Barrére demandait à la Con-
vention « d'ensevelir Lyon sous ses ruines. Le nom de
« Lyon ne doit plus exister, on l'appellera Ville-Affranchie,
« et, sur les ruines de cette cité infâme, ilsera élevé un
« monument qui fera honneur à la Convention et sur lequel
« on écrira : Lyon fit la guerre à la Liberté, Lyon n'est
« plus. » Sur cette motion hideuse, la Convention décréta
aussitôt... « Art. 3. La ville de Lyon sera détruite. Tout
« ce qui fut habité par le riche sera démoli ; il ne restera
« que la maison du pauvre. Le nom de Lyon sera effacé
« du tableau des villes de la République... »
   Par le même décret, la Convention avait créé une
Commission extraordinaire de cinq membres pour punir
militairement et sans délai les contre-révolutionnaires de
Lyon.
   Ce sanglant décret fut mis, sans délai, à exécution.
Dès le 26 octobre, le cul-de-jatte Couthon, porté sur les
épaules du jacobin Letellier, donna le signal des démoli-
tions en frappant solennellement d'un marteau la maison
de M. de Cibeins, à l'angle de la rue des Deux-Maisons,