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456                LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON

de Ville-Affranchie, il a gratté sur le globe le nom de
notre ville et barbouillé je ne sais quoi à sa place.
   Les voleurs marchant toujours derrière les révolutions,
qui, elles-mêmes, ne savent que piller et dévaster, la bi-
bliothèque fut bientôt leur proie, et M. Delandine raconte
ainsi ces déprédations (1) :
   « Des émissaires se disant envoyés par le comité de
Salut public, se rendirent à la bibliothèque Leur mission,
disaient-ils, était d'en extraire les manuscrits et les livres
rares pour les porter à Paris et en enrichir le dépôt natio-
nal. Une ville rebelle ne pouvait plus, suivant eux, con-
server ni sources d'instruction ni monuments des arts.
Quatorze caisses furent remplies de tout ce qu'ils trouvè-
rent à leur convenance ; mais ces caisses, au lieu de pren-
dre la route de la capitale, furent embarquées sur le
Rhône, descendirent le fleuve et allèrent vraisemblable-
ment enrichir à nos dépens une nation ennemie dont la
flotte assiégeait alors Toulon. Une faible cargaison partit
pour Paris (2) ; elle contenait le Tite-Live de première

  (1) On lisait pourtant encore derrière la principale porte de la
bibliothèque une inscription portant qu'il était défendu d'emporter
un livre « Sub pcenapeccati mortalis »; mais les sans^culottes n'étaient
pas obligés de savoir le latin... (Note de M. Pericaud dans sa Notice
sur la bibliothèque de la ville de Lyon, p. 7.)
  (2) Tous les livres modernes furent retenus par les membres du
comité d'Instruction publique de la Convention pour enrichir leur
propriété particulière qui depuis est devenue celle de la Chambre des
députés. Quant aux manuscrits et aux éditions du xv° siècle, on en
ordonna le dépôt à la bibliothèque nationale. (Id. p. 14.)
  M. Delandine s'exprimait déjà à ce sujet de la manière sui-
vante, dans une lettre qu'il adressa, le 17 nivôse an XIII, à l'admi-
nistration supérieure de Lyon : « La bibliothèque de Lyon a été rava-
gée sous le régime révolutionnaire 1" par de,s commissaires envoyés
par le Comité de Salut Public qui, après avoir rempli vingt-sept