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440                         POÉSIE.

       Aux cris rauques que l'écho jette,
       Tout s'agite en convulsions.


       Fuyez ce vent qui d'une haleine
       Abat l'arbuste avec la fleur ;
       De débris il couvre la plaine,
       L'aigle fuit même avec terreur ;
       Il va combler le lit de mousse
       Du clair ruisseau dont la voix douce
       Si mollement faisait rêver ;
       Du chêne, il fouille les racines
       Et le couche sur des ruines
       Que, plus tard, il va soulever.


      Hier encor ce mont superbe
      Etincelait de mille feux.
      De beaux chamois sur sa blonde herbe
      S'ébattaient tous en bonds joyeux ;
      Chaque soir, la sphère étoilée,
      Si loin de nous dans la vallée,
      Semblait couronner son sommet,
      Et le blanc disque de la lune
      Baisait la tête altière et brune
      Des grands sapins de la forêt.

      Maintenant, un épais nuage
      Plane sur lui comme un vautour ; '
      L'éclair, la foudre avec l'orage
      Font chanceler la vieille tour;
      Voyez le lac comme il frissonne,
      Comme la feuille tourbillonne,
      Comme gémit le frêle oiseau :
      La rafale a brisé son aile
      Et sa compagne qui l'appelle
      Meurt dans son nid sous le bouleau.

      Comme on sent fermenter son âme
      Sous ces bruits du ciel en courroux- !