page suivante »
BIBLIOGRAPHIE. 435 lon-troubaire, page épique, à proportions magistrales, Lelelo, histoire d'amour, pleine de fraîcheur et de senti- ment, qu'on n'achève pas sans émotion ; et plusieurs autres pièces d'une moindre importance que M. Azaïs appelle Menudalhos (bagatelle), morceaux élincelants d'esprit qui jettent une heureuse variété dans le recueil. Cette première partie est écrite en languedocien ; mais est-ce bien le pur langage biterrois ? C'est une question à laquelle je n'oserais répondre affirmativement, car, je n'hésite pas à en confier le secret à M. Azaïs, certaines expressions qui reviennent sou- vent dans plusieurs de ses contes, m'ont paru appartenir plutôt aux idiomes parlés à Montpellier, Carcassonne et Toulouse (1). Le reste du volume est du pur provençal. « Creirias, dit Roumanille dans l'avant-propos, quJzaïs es un Jrlalen, mais d'aqueli qu'au bouco d'or. » Use montre, en effet, le digne émule des poètes de la Provence dans cette partie de son livre, où nous avons surtout distingué les piè- ces intitulées : Li très sourrelo de Penrieu, la Vierge de Lescar, la Piscino de l'Àlcazar, et un sonnet, presque sans défaut, dont le sujet est le Mois de Marie chanté par les jo- lies filles d'Arles. Arrêtons-nous la pour aujourd'hui ; et, avec nos félicita- tions, envoyons à M. Gabriel Azaïs l'expression d'un désir qu'il ne tient qu'à lui de satisfaire. Les langues languedociennes et provençales ne revivront réellement, elles n'obtiendront un éclat sérieux et durable qu'autant que nous aurons pour chacune d'elles un Diction- naire composé avec soin et une Grammaire déterminant un (1) Je citerai entre autres : panade* (volée), subran (de suite), degaugno (se desennui), espantats (étonnés), marrano (récit), en rembumiant (en promenant), soûlas (repos), prioundo (profonde), chabenso (prise), etc.