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428                    ÉPITRES i)'ANGE POLITIEN.

vainqueur de Darius le portoit avec lui dans un coffre d'or,
et le' consultait au milieu des batailles. Offrons-lui donc
aussi, avec une pieuse reconnoissance, cette couronne
tissue de fleurs de Piérie, c'est le précieux ouvrage d'Am-
bra, la plus belle nymphe de l'Italie, Ambra, l'amour de
Laurente notre commune patrie, Ambra qui reçut le jour
du vieux Ombrien, sur les bords gracieux de l'Arno. »
   Tels sont les traits principaux de la belle Sylve d'Ange
Politien sur les poèmes d'Homère. Rien assurément,
comme le remarque le chanoine de Hancé, n'est aussi
intéressant, dans toutes les longues vies qu'on a données
jusqu'à présent de ce grand poète... Aussi, je laisse à
penser quel dut être l'enthousiasme de cette académie
grecque de Florence, qui avait vu à sa tête Jean Argyro-
pile, Théodore de Gaza (1), Démétrius Chaloondyles et
enfin Politien lui-même, en 1483, époque où fut prononcée
l'Ambra (2), lorsque, cinq ans après, l'on vit publier pour
la première fois, par la voie de l'impression, les œuvres
complètes d'Homère, (3) par les soins de Démétrius
Chaloondyles, secondé dans ce travail par un autre Démé-
trius de l'île de Crète. L'imprimeur Bernardo Nerli en fit
hommage à Pierre de Médicis, fils de Laurent le Magni-

    (1) Paul Jove se trompe assurément, lorsque dans ses Elogia, XXIX,
il donne Politien lui-même comme successeur immédiat d'Argyropile, en
 omettant Théodore de Gaza et les autres byzantins. Cette assertion ne
 saurait tenir devant l'épigramme grecque de Politien, adressée à Chal-
 condyles à son arrivée à Florence, comme devant succéder à Théodore de
Gaza, et donner ses soins tutélaires aux jeunes nourrissons des muses,
abandonnés de leur mère, avant qu'ils pussent voler de leurs propres
ailes. On lit cette épigramme dans Hody ,de Grœcis illustribus, p. 211.
   (2) Elle ne fut pourtant imprimée qu'en 1485, mais Politien la pro-
nonça en présence de tous les illustres de l'Italie, à l'ouverture du cours
public, qui lui fut confié à l'âge de 29 ans, (il était né en 1454), ce qui
prouve une fois de plus qu'il ne fut pas le successeur immédiat d'Argy-
ropile, mort en 1471, époque à laquelle Politien n'avait que dix-sept ans.
   (3) Florence, 1488. ,2 vol. in-fol., ap. Bernardo Nerli.