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                        VICTOR DE LAPRADE                   387

   Ainsi vont leurs discours.
        Et la rame tardive aux murs du vieux château,
        Plus lente chaque jour, ramène le bateau.

   Enfin, un double aveu, on devine lequel, vibre dans le
silence des bois. Mais dans l'àme de la jeune Italienne, la
patrie règne au-dessus de Marco.
   « Je cède à mon pays ton cœur qui m'appartient, » lui
dit-elle. C'est un grand sacrifice, et pour l'accomplir sans
retour, elle monte dans sa nacelle et s'enfuit pour jamais.
En effet, l'heure revient où la barque si impatiemment at-
tendue a coutume d'apparaître sur le lac. Mais ce soir, rien.
Marco désespéré, anxieux, s'élance dans le bateau du pê-
cheur et le dirige sous les fenêtres du donjon d'flerman.
Une d'elles est éclairée, et ton cœur te dit, pauvre proscrit,
a qui appartient cette lampe qui veille ainsi sur le souvenir,
sur le regret peut-être. Quelle nuit pour toi I
                   Le flot jusqu'à l'aube
       Berça ton désespoir et ne put l'assoupir.

   A l'aube, Marco quitte son poste périlleux, attache plus
loin son esquif au pied d'une roche, et caché parmi les ar-
bustes, cherche à percer du regard les murs du château.
Une voix intérieure lui dit qu'il va revoir Fausta. Cette voix
du cœur ne mentait pas. La barque de la bien-aimée glisse
sur le lac, et celle qui la monte, calme, souriante, glisse
sous les flots.... pour reparaître bientôt a la surface, sauvée
par son amant.
   — Oui, j'ai voulu mourir, l'abîme où je descendais me
défendait d'être à toi.
        Moi, qui place avant tout l'Italie à venger,
        Je ne puis partager ton cœur même avec elle.

  Pars donc, va, meurs, la patrie t'appelle. Mais pars sans