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246 LE CINQUIÈME CENTENAIRE DE PÉTRARQUE On a largement discuté sur son existence, sa vie et ses rapports avec le poète. Toutes ces discussions me sem- blent du travail perdu, si l'on peut appeler ainsi celui que l'on consacre à la recherche d'une vérité. Pour moi, si j'avais à donner mon avis, je croirais, malgré ce qu'en a écrit Pétrarque à son ami Colonna, que Laure est le sym- bole de la femme^ et qu'elle porte ce nom au même titre qu'une autre a reçu celui de Béatrice. Certainement, il a existé une Laure qui s'est rencontrée dans la vie du poète seulement comme un incident, mais comme un de ces in- cidents qui décident parfois du sort de la vie. Elle a ins- piré le premier vers, grâce auquel il a trouvé le second, et, à la suite de ce prologue, s'est alors jépandu ce que le poète avait trouvé d'âme et de génie en regardant dans sa pensée la beauté la plus i d é a l e . , . . . . On ne peut finir sans dire un mot de ceux qui ont orga- nisé cette fête, en dehors des préoccupations dont on a voulu l'entourer. Un lettré, M. de Berlue, avait réuni dans un /pe- tit volume 150 sonnettistes, et l'œuvre faite, il avait convié les auteurs à un rendez-vous sur les bords de la Sorgue, pour le baptême de l'Académie du sonnet En quelques jours, grâce à l'énergique promoteur du rendez-vous et à M. le comte du Demaine, cette petite réunion de poètes est devenue la fête internationale du V e centenaire de Pé- trarque. C'est le cas de dire, ce me semble, honneur aux hommes de bonne volonté! Du reste, tandis que le roi d'Italie faisait décorer M. de Berlue, l'Académie pontificale des arcades, à Rome, lui offrait le titre de-membre titu- laire Et enfin, pour revenir au héros de cette fête, je terminerai par cette phrase, une des meilleures du Victor Hugo d'au- jourd'hui : « Pétrarque est une lumière dans son temps, « et c'est une belle chose qu'une lumière qui vient de « l'amour ; il aima une femme et il charma le monde. » Charles BOT.