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                           CHRONIQUE LOCALE.                         163
  propre de clocher à part, que rien n'est plus froid, plus vulgaire,
 plus dépourvu de sentiment religieux, que la plupart des plans cou-
  ronnés, et particulièrement celui qui a obtenu le premier prix. C'est
 peut-être une mosquée ou une salle d'opéra, mais une maison de
 recueillement et de prière, mais un édifice sacré sur lequel a passé le
 souffle inspirateur qui a créé Bourges, Reims, Chartres ou Strasbourg,
 oh! non, jamais. On peut faire un théâtre splendide, un palais
 gigantesque à coups de millions, mais une véritable église, une cha-
 pelle inspirée seulement comme la petite église de Thann, en Alsace,
 ou de Notre-Dame de l'Epine, près de Châlon, ou de Saint-Nicolas,
 près de Nancy, ou de Brou près de Bourg, c'est plus difficile et nous
 croyons que pour cela un compas et une règle ne suffisent pas.
    A qui nous voudrions décerner une couronne, à qui nous vou-
 drions organiser un triomphe, si nous étions peuple ou souverain,
 Louis XIV, Léon X, Florence ou Rome, ce n'est pas à Pétrarque, il
 vient d'avoir justement le sien, ce n'est pas à Corinne ou au Tasse,
 c'est à un compatriote vivant, dernier conservateur des hautes tradi-
 tions du grand siècle, dernier héritier de la plume avec laquelle les
 compagnons de Bossuet ont écrit les chefs-d'œuvre de notre langue.
 Les triants de haut style et de vastes pensées seront de notre avis
 après avoir lu l'Hommage à la mémoire de Ludovic Vitet qui vient de
paraître, et dans lequel l'auteur, peut-être par distraction, peut-
 être parce qu'il ressemble à son modèle, s'est peint lui-même en
 traits frappants :
    « Tous ceux qui ont entendu Vitet dans ces fêtes littéraires, dit
 notre magique écrivain, peuvent dire tout ce qu'ajoutaient d'éclat à
ses discours la noblesse de ses traits, la gravité de son maintien, la
 sobre et expressive dignité de son geste, le charme d'un débit si
naturel, si varié, et si harmonieux à la fois ; enfin, ce je ne sais quoi
qu'on sent si bien, qu'on définit si peu, que les anciens appelaient
l'action et qu'ils regardaient comme la fleur, la force et la vie de
l'éloquence. »
    C'est bien là en effet la vivante image du grand orateur de la cité et
ces paroles seront écrites sur le marbre quand on se sera trop tard
aperçu qu'on ne l'avait pas honoré comme il le méritait de son vivant.
    Puissent nos neveux ne pas nous flétrir de l'avoir oublié quand le
suffrage a envoyé à la tribune, pour représenter Lyon, des nullités et
jusqu'à des criminels.
    — Un des élus du peuple lyonnais, un de ceux que la voix popu-
laire avait choisi, en 1848, le citoyen Doutre, s'est éteint à Paris, le
lundi 3 courant. II était né à Lyon, le 1" juillet 1811, dans une fa-
mille d'artisans. Il vivait depuis longtemps dans une humble médiocrité.
    — Voici des chiffres douloureux, dit un journal de notre ville,
c'est le relevé des enterrements civils qui ont eu lieu pendant ce der-
nier mois de juillet. Premier_arrondissement 1, deuxième 1, troisiè-
me 8, quatrième 2, cinquième point, sixième 5, total 17. Sur ce nom-
bre, enfants 8, adultes 9.
    — Par un arrêté ministériel du 30 juin. M. Fabisch, professeur de
sculpture, a été nommé directeur de l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon,
fonction qu'il remplissait comme doyen des professeurs, depuis le
décès de M. Caruelle d'Aiigny. le 20 juillet, M. Grandval, secrétaire-
général, délégué par M. le préfet du Rhône, a procédé solennellement
à son installation.
    — L'Académie de Lyon a tenu, le mardi 11 août, sa séance publi-
que, sous la présidence de M. Aynard.