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LETTRES ARCHÉOLOGIQUES SUR LE FOREZ. 133 tribune, et, de tous les dons précieux qu'il fit à son monas- tère, on conserve un remarquable tableau, sur bois, de l'école italienne, qui orne pour le moment la chapelle de la maison de Meaux. Le tableau représente l'Ensevelis- sement du Christ et l'on voit dans un coin, à droite, le donateur agenouillé et les mains jointes ; au-dessous sont ses armes parlantes : d'azur, aux cinq fuseaux d'argent [nere filer, Nectarius Nectaire). Cependant, s'il faut en croire les chroniques, Nectaire de Saint-Nectaire, qui était en même temps abbé de Saint-Vozy-du-Puy et prévôt de Montsalvy, se plaisait peu à Saint-Sauveur, où il ne faisait que de courtes et rares apparitions. Pour lui, habitué au monde et à une vie bruyante et fastueuse, cette résidence était trop austère et trop triste : ce paysage mélancolique n'était pas fait pour un courtisan et les sévères beautés de ces montagnes ne parlaient point au cœur de l'élégant prieur. Jacques de Saint-Nectaire fut le dernier abbé régulier de la Chaise-Dieu. Il mourut en 1518, et, en 1516, le concordat conclu entre Léon X et François I er , par les soins d'un chancelier auvergnat, Duprat, avait aboli l'antique droit que possédaient les communautés reli- gieuses, d'élire librement les supérieur. Désormais, le roi nommait seul, avec l'approbation du Saint-Siège, à tous les bénéfices vacants; évêques et abbés étaient à son choix exclusif. L'Eglise de France n'accepta pas sans protester ce pou- voir nouveau et exorbitant attribué à la royauté. Les reli- gieux de Fleury-sur-Loire accueillirent à coups de canon leur abbé commendataire et ce ne fut qu'après avoir vu leurs réclamations partout repoussées, à la cour de France et à la cour de Rome, que les moines de la Chaise-Dieu, vaincus et voyant toute résistance impos-