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LETTRES ARCHÉOLOGIQUES SUR LE FOREZ. 127 jusque là si sombres, mais qu'un soleil mystique venait subitement d'éclairer et remplissait d'un splendide éclat, qu'un chanoine de Brioude, Robert, fils d'un comte d'Au- rillac, jeta, en 1046, les fondements de l'abbaye de la Chaise-Dieu, sur les confins de l'Auvergne et du Velay. Cette abbaye était à peine fondée que, la renommée sainte de Robert se répandant au loin, on vit accourir de toutes parts au nouveau monastère, comme à une ruche d'un miel plus céleste, un nombre considérable de religieux. Ces religieux vécurent d'abord sans règle pré- cise; mais on raconte qu'un ange, sous la forme d'une colombe, apporta un soir à la Chaise Dieu la règle de saint Benoît, et que les ermites reconnaissant la volonté divine, s'empressèrent de se soumettre aux statuts béné- dictins. Robert ne tarda pas à voir son œuvre grandir et s'ac- croître. Le pape Léon IX, qui avait désià oui dire des merveilles du couvent auvergnat, le prit sous sa protec- tion, et de nombreux évêques et seigneurs, tant de la province d'Auvergne que des provinces voisines, s'em- pressèrent de doter l'institut naissant, auquel ils donnè- rent villages, églises et forêts. En tête des principaux bienfaiteurs se placèrent Rançon, évoque de Clermont, les barons de Mercœur, les sires du Livradois, Guil- laume V, comte d'Auvergne, et, enfin, parmi les sei- gneurs du Forez, Artaud d'Argental, qui fit donation, en 1061, à l'abbé de la Chaise-Dieu de la forêt de Tail- hard et delà terre de Saint-Sauveur pour qu'il y fît cons- truire un monastère. Robert établit donc à Saint-Sauveur, à côté de l'an- tique église relevée de ses ruines, un prieuré conventuel qu'il soumit à la nomination de la Chaise-Dieu et à sa dépendance. Il laissa aux moines qu'il y installa la jouis-