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EPITRES D'ANGE POLITIEN. 115 il participât à la conversation des savants illustres qui fréquentaient le palais de Médicis, et les lettres de Politien offrent de nombreux témoignages des talents de ce jeune homme : la manière dont ses doctes correspondants en parlent souvent, est une preuve non équivoque de son zèle pour leurs intérêts, et de son attachement à la cause des lettres (1). D'après le même écrivain, comm.e il entrait dans les vues politiques de Laurent de se ménager un grand crédit à Rome, et qu'il avait souvent éprouvé les heureux effets de son alliance avec la famille des Ursins, il jugea avan- tageux pour lui d'en resserrer les nœuds, et il projeta en conséquence d'unir son fils Pierre avec Alfonsina, fille de Robertdes Ursins, comte de Tagliacozzo et d'Albi. Le ma- riage fut célébré au mois de mars 1487, à Naples, en pré- sence du roi et de sa cour, avec une pompe et une magni- ficence extraordinaires (2). Pierre avait alors seize ans. L'année suivante, il perdit sa mère, Clarisse des Ursins, celle-là même que les lettres de Politien ont immortalisée. La douleur de Pierre, alors âgé de dix-sept ans, s'exhale avec cet accent passionné que sait donner aux choses du cœur une riche et sensible adolescence. Sa mère et sa pa- trie étaient les deux passions de son cœur, car, selon l'ad- miiable pensée de notre tendre et charmant poète Mille- voye : « Les mots de mère et de patrie semblent tenir l'un à l'autre ; peut-être l'idée de patrie aurait moins de douceur, moins d'empire, si l'on n'y attachait le souvenir d'une mère (3). » (1) William Roscoë's, iife of Lorenzo de' Modici. Lond. 1797, 2 vol. in 4°, ch. vin. (2) Si fece lo sposalitio in castello, n;lla sala grande, présente il re e lulla j a c e r t e , con gran eena e festa (Bern. Oriccll. epist apud Fabr. vol. u, p. 216), (3) Millevoye, l'Amour maternel, page 330 de la nouvelle édition pré- cédée d'une notice de M. Sainte-Beuve. Paris, Garnier, s. d. C'est dans ce poème , l'un des plus beaux de Millevoye, que le pré-