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112                 ÉP1TRES D'ANGE r-OLITlEN.

 jeunes gens. 11 avoit la mine tout à fait martiale, lorsqu'il
 paraissoit armé de toutes pièces, et les juges des tournois
 avouoient que personne ne savoit rompre une lanc'e de
 meilleure grâce. »
    « Il avoit l'esprit vaste et pénétrant, mais si ma! tourné,
 qu'il n'en pouvoit faire de bon usage », continue Varillas,
 et alors, il accumule à plaisir les traits les plus mordants, et
 charge son pinceau des couleurs les plus noires. Pierre ne
 lui paraît capable d'application qu'aux plaisirs, et d'un
 orgueil insupportable, dans une ville « où tous les gentils-
 hommes croyoient être égaux. » Son luxe et sa colère lui
 semblent comparables à ceux d'Alexandre ; mais il avoue
 qu'il lui suffisait d'entendre réciter de beaux vers toscans,
.et un peu de musique, pour le remettre en bonne humeur.
 Enfin, c'était, dit-il, un tempérament bizarre, dont les
fautes servirent d'autant de degrés, pour l'aider à descen-
 dre dans le précipice.
    Il faut bien reconnaître que, sur les sujets moins fami-
 liers aux études et à l'opinion du public, une fois qu'un
 pareil portrait est dessiné, même par un peintre du carac-
tère de Varillas, ceux qui lui succèdent se bornent à le
copier, pour abréger leurs recherches. Aussi, ouvrez toutes
les biographies, et la plupart des ouvrages de compilation,
vous trouverez, à peu près partout, les mêmes sévérités
 banales pour le caractère et les infortunes de Pierre de
Médicis. Je me suis cru permise,fautant que nécessaire,
une nouvelle étude de cette figure historique, mêlée de
si près à nos guerres nationales du xvc siècle, et je viens
en apporter le résultat, très-différent, à ceux des lecteurs
qui veulent juger par eux-mêmes, et sur pièces.
   Avant de croire , même à ce que Varillas disait de la
bonne grâce de ce jeune prince, j'ai cherché partout son
portrait en Italie ; c'est à Rome, dans la galerie Rospi-
gliosi, dont la princesse, fille du duc de Cadore, nous ou-
vrait les trésors avec une grâce toute française, que j'ai eu
l'heureuse chance de le rencontrer ; et de quel pinceau, de