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                       ÉPITRES B'ANGE POLITIEN.                           75

me feront un crime d'imiter Cicéron ; je leur dirai que tous
mes vœux seroient comblés, si j'atteignois son ombre.
Ceux-ci desireroient que j'eusse pris la manière de l'orateur
Pline, dont on loue la sagesse et les maximes ; je leur
avouejrai que je ne fais nul cas de son style (1). Si l'on
trouve au contraire que j'écris comme lui, je m'en conso-
lerai en ce que Sidonius Apollinaris, qui est un auteur
fort estimé, donne la palme à Pline dans le genre épisto-
laire. Je ressemblerai à Symmaque? Tant mieux : on
prise sa précision et sa manière de finir (2). Ceux qui me
croiront trop éloigné de Symmaque, se tairont lorsque je
leur dirai que c'est parce que je n'aime point la sécheresse.
   Quelques-unes de mes lettres paraîtront trop longues?
Platon, Aristote, Thucydide (3) en ont écrit de même. D'au-
tres, sembleront trop courtes? Je n'ai fait qu'imiter Dion,
Brutus, Apollonius, Marcus, Philostrate, Alciphron,
Julien, Lybanius, Symmaque, Lucien, appelé faussement
 Phalaris (4).

M. Tullio silers me in stylo cpistolari melius puto. Je ne saîs comment
Savaron et le P. Sirmond ont entendu ce passage, pour prétendre que
Sidonius, bien loin de préférer Pline le Jeune, y donne au contraire la
préférence à Cicéron. Pétrarque, dans sa préface, l'interprète comme
Politien.
   (1) Le bon chanoine de Rancé travaillait sans doute sur une édition
fautive, qui portait : Âspernari me dicam Plini stylum ; mais il faut lire
seculum, et traduire : Je ne fais nul cas de son siècle.
   (2) Voy. Alain de l'isle, 1. 3 . , de son Ânli-Claudien, et Macrobe, Satur-
nales, 1.6.
   (3) Le texte ajoute Cicéron à ces trois écrivains, dont il reste peu de
lettres.
   (4) Politien est le premier qui ait attribué à Lucien les lettres de Pha-
laris, mais on ne cite ni manuscrit, ni tradition à cet égard, et de graves
motifs, savamment réduits par La Monnoye, suffisent pour faire rejeter
celte hypothèse qui ne s'appuye sur rien de sérieux. Assurément ces épîtres
ne sont point de Phalaris le tyran ; elles n'auraient pas été oubliées par
Philostrate, au temps duquel elles doivent être postérieures. Tzctzès cite
un Phalaris grammairien.