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CHRONIQUE LOCALE Le, Gouvernement italien vient de faire une importante cession au Gouvernement français. Suivant la coutume, tout le monde est mécontent. D'après des gens bien informés, l'Italie aurait cédé à la France, pour un temps indéterminé et à des conditions qui nous sont incon- nues, le ciel de Naples avec tous ses avantages et ses inconvénients. "Voilà pourquoi il ne pleut plus et qu'on grille. On plantera désormais des cotoniers, des oliviers, des palmiers, des caroubiers, sur les bords de la Saône et de la Loire; on y cueillera des limons et des ananas, et quand on demandera : Connais-tu le pays où (luurit l'oraoger? c'est de l'Auvergne qu'on voudra parler. Les lazaroni déjà commencent à se montrer sur nos promenades, couchés, dormant à l'ombre et se livrant voluptueusement aux dou- ceurs du far niente. Un modère prié, l'autre jour, de vouloir bien porter une lettre à la poste, répondit qu'il faisait trop chaud. Eh bien ! voici à peine deux mois que cela dure, et déjà quelques personnes regrettent nos bonnes'pluies rafraîchissantes, nos ruisseaux murmurants, nos prairies douces à l'œil, et jusqu'à ces gros nuages qui jadis voilaient parfois un peu le soleil. Si dans l'omnibus de File-Barbe, vous avez le malheur de dire gra- cieusement qu'on se croirait à Portici, les dames font la moue et un. monsieur qui s'éponge répond, en éclatant, qu'il n'aime ni la pous- sière ni le sirocco. Dieu sait cependant quelles doléances faisaient naître autrefois notre climat humide, nos horizons ternis et nos brouillards aussi raillés que nos pavés. Nous ne serions pas étonné d'apprendre qu'une pétition soit sur le point de se signer pour redemander notre ciel bas et lourd. En ce cas, on nous le rendrait probablement en octobre et nous n'aurions que trois ou quatre mois à attendre; tâchons de vivre jusque-là . « L'extrême sécheresse dont nous souffrons, dit M. Saint-Olive qu'il faut toujours citer quand il s'agit de notre vieux Lyon, nous engage à rappeler certaines cérémonies qui avaient lieu lors de pareilles calamités. » M. Saint-Olive appelle le climat de Naples une calamité ! « L'an 1504, furent vues ces dévotes et pitoyables processions qui furent appelées processions blanches à cause que les pauvres gens de village passoient par la ville, allant à Notre-Dame de l'Isle, affublés seulement d'un linceul blanc, criant : Sire Dieu, miséricorde ! — Les fontaines, rivières et ruisseaux furent tellement taris que les bestes mouroient de soif par les champs et les chiens enrageoient. » C'est à peu près comme aujourd'hui. < En 1534, les processions blanches furent si fréquentes que l'on t ne voyoit que pauvres gens de village, tout nuds et affublés seule-