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548 LE PAGE DU BARON DES ADRETS. le baron se hâtad'élabiir, comme gouverneur de la ville et bailli du Forez, un nommé Quintet, homme de rien, mais zélé protestant, et l'armée, chargée de dépouilles, reprit la route du Lyonnais. En passant devant Montrond, elle s'arrêta, enleva la place par trahison et renouvela les crimes de Montbrison ; des soldats furent jetés du , haut des tours, et, la tombe des seigneurs d'Apchon étant ouverte, le cadavre du dernier décédé fut traîné dans les champs pour le punir de ce que son fils était à la tête des catholiques du Forez. Si notre plume se lasse à retracer les ignominies que l'histoire nous a conservées, on comprendra que la lassi- tude et le dégoût durent frapper alors quelques esprits. Blancon, dans son chevaleresque courage, Poncenac, dans sa fougue de soldat, n'approuvaient pas ces hor- reurs inutiles ; d'autres chefs, d'autres capitaines per- daient l'enthousiasme du départ, et dans la marche gar- daient le silence. Les soldats eux-mêmes, en revenant par ces gorges sublimes, en retraversant ces hameaux dé- vastés dont la population fuyait à leur approche, com- prenaient qu'ils étaient au ban de l'humanité, et malgré leurs habitudes coupables, sans ressentir peut-être du remords, n'avaient plus leur allégresse et leur élan ac- coutumés. Ce fut donc gorgée de richesses, mais lassée de cri- mes que l'armée fit son entrée à Lyon. Montbrun ne pouvait plus dire que Beaumbnt s'oubliait dans le repos. Ruffy ne pouvait plus prêcher que le baron fréquentait et soutenait les papistes, et cependant Beaumont était plus sombre que jamais, son cœur était plus vide, son espiit plus agité. Il avait voulu se relever aux yeux de