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538           LE PAGE BU BARON DES ADRETS.

    Saconin, comme chevalier de l'ordre de Malte, fui
 traité avec une impitoyable rigueur. Il fut jeté dans uns
prison profonde, privé du nécessaire, séparé de ses amis,
visité et sollicité par des ministres qui voulaient disputer
avec lui et lui faire abjurer sa foi, enfin menacé des der-
niers supplices s'il conservait ses croyances papistes ou
s'il ne payait la somme énorme qui lui était demandée
et que la ruine de sa famille et ses amis ne lui permettait
pas de trouver.
    Pravieux, plus heureux, put donner l'énorme rançon
qui lui était imposée, mais, exaspéré, il courut, à la tête
d'une cinquantaine de montagnards, s'enfermer dans le
redoutable château de Montrond dont les murailles épais-
ses lui promettaient un sûr abri ; et de là, il appela aux
 armes tous les catholiques du Forez, tous ceux qui cher-
chaient une place forte et un chef pour combattre les op-
presseurs du pays.
    Pendant que Feurs résistait, succombait et subissait
le sort terrible de tout temps réservé aux vaincus, Beau-
mont avait campé devant Montbrison et il attendait, en
canonnant faiblement la ville, que Poncenac lui amenât
ses renforts. Feors ne devait pas faire une longue résis-
tance et pour tenir ses troupes en haleine, il envoyait des
partis considérables reconnaître et fourrager les campa-
gnes, insulter les châteaux forts et enlever les bourgades
sans défense.
    A l'endroit où la vaste plaine du Forezse rapproche des
montagnes, un mamelon s'élève arrosé par une rivière
au doux nom, le Vizezi. Jadis, un temple avait surmonté
la butte volcanique ; plus tard, un château féodal avait
remplacé le temple et autour de lui une ville importante