page suivante »
LES FEUILLANS DE LYON. 481 « porte d'entrée de l'église. » Cette chapelle appartenait aux Scarron, et leurs armes la décoraient. Cette famille, originaire du Piémont, vint s'établir à Lyon au milieu du XVIe siècle et y fit le commerce. « Elle eut plusieurs « officiers des cours souveraines de Paris, mais rien ne l'a tant « illustrée que le fameux poète dont la muse burlesque eut « beaucoup de vogue pendant un temps. » (Descript. de Lyon, 1741.) Cette chapelle des Scarron, dédiée à saint Irénée, était ornée des tableaux de Le Blanc, qui avait peint dans la voûte la gloire du paradis et sur les murs latéraux l'histoire des martyrs de Lyon. Le tableau de l'autel représentait le martyre de saint Irénée. Au-dessus du grand autel de l'église on voyait figurer saint Borromée, Notre-Dame et saint Bernard, par Le Blanc, et sur l'autel de saint Hommebon (1) — dont je ne saurais préciser l'emplacement — on apercevait le patron des négociants peint par le grand Picard. Le Blanc avait aussi orné le mur de la nef de quatre tableaux représentant des saints à demi-corps (Rolle et Montaiglon, Les tableaux de Lyon.) Clapasson prétend que ce fut dans la chapelle des Scarron qu'eut lieu l'inhumation de Cinq-Mars et de Thou, et le témoin précité du supplice des deux amis dit que « M. de Cinq-Mars « fut enterré devant le maître-autel et M. de Thou embaumé et « mis dans un cercueil de plomb, pour être transporté dans sa « sépulture. » D'après ce dernier, contemporain des deux exé- cutés, il paraîtrait que Cinq-Mars seul aurait été inhumé aux Feuillans ; cependant il m'a été affirmé que, dans certaines fouil- les , on avait découvert deux squelettes dans la même tombe ayant la tête tranchée. La pierre tumulaire, rappelant, dit-on, la mémoire des deux malheureux, 'existe encore au bas de l'escalier de la maison, mais l'inscription a été entièrement effacée afin de ne pas gêner le jeu d'une porte et le piétinement des passants. Le grand-autel et celui de la chapelle des Scarron ayant été très voisins l'un de l'autre, on peut penser que les deux historiens (t) La notice sur la Confrérie tics négociants de Lyon ne parle pas d'une chapelle de Saint-Hommebon, mais simplement d'un autel.