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INAUGURATION DE DA STATUE DE PONSARD. 453 à l'adresse de la Compagnie Paris-Lyon, peu exacte dans les départs et l'organisation des trains promis. La statue de Ponsard est en bronze. Il est représenté assis et dans l'atti- tude de la rêverie. On a dit beaucoup de mal de l'œuvre du sculpteur, M. Dechaume. A mon humble avis on a eu tort. Il est vrai que le réalisme est un peu trop saisissant, mais l'œuvre est bien conçue, et, comme exécu- tion, elle ne manque pas de mérite J'avoue que je lui préfère la statue de Jasmin, récemment inaugurée à Agen. Jasmin est représenté debout, débitant ses poésies. L'artiste, M. Dubray, l'a affublé d'un habit qui lui sied à merveille. Il a eu le bon esprit de repousser ce vieux bagage qu'on appelle le manteau académique. Jasmin, en simple frac et, à son petit doigt, tenant suspendu le lorgnon qui ne le quittait jamais, fait plus d'effet que s'il était revêtu du fameux manteau dont les sculpteurs se sont toujours crus obligés de revêtir leurs personnages. Et maintenant Ponsard avait-il le génie, c'est-à -dire la lumière, la créa- tion, l'invention qui trouvent et font quelque chose de rien ? L'essor audacieux de sa muse rappelle-t-il ce vers d'Horace : Sublimi feriam sidéra vertice... C'est ce que je tâcherai d'examiner dans un prochain article. Mais puisque CasimirDelavigne avait sa statue, Ponsard, son frère cadet en poésie, avait droit à la sienne. Il est vrai que Condillac, Mably,Vaucanson, Barnave et le Chevalier sans peur et sans reproches attendent encore un simple et modeste buste dans ce beau pays du Dauphiné dont ils sont les plus illustres enfants- Léon GONTIIR. Pont-de-Cheruy (Isère), 17 mai 1870.