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                            NÉCROLOGIE,                          417

 de cribler d'épigrammes à Genève les vainqueurs de 1846,
 il alla chercher jusqu'à Paris (nous parlons au figuré, car
 il ne mit jamais le pied dans la grande ville) les héros
 éphémères de 1848. Chaque matin, le Corsaire lui em-
 pruntait quelque bon mot orné de deux rimes contre les
 capitans et les tambours de la seconde république. Ces
 escarmouches quotidiennes firent à Petit-Senn un nom
très-populaire dans la presse de Paris. Paris, vers la même
 époque, applaudit de toutes ses voix à la publication des
 Bluettes et Boutades présentées et patronnées par une
préface de Louis Reybaud.
    « Nous n'apprenons à aucun de nos lecteurs la fortune
de ce petit livre qui eut quatre éditions, dont l'une de dix
mille exemplaires ; jamais recueil de pensées, depuis
Champ fort, n'avait fait pareil bruit. Les boutades de
Petit-Senn méritaient leur succès par la rencontre de
qualités qui, en général, se trouvent rarement ensemble :
la sagesse des nations rajeunie par le piquant et l'im-
prévu de la forme, du naturel avec beaucoup d'art, de la
concision sans obscurité, de la finesse et du sens commun ;
enfin, sur un grand fond de sensibilité, une jolie dose de
malice. Œuvre de médisance, non de misanthropie, et
qu'eût signée Célimène plutôt qu'Alceste, mais une Céli-
mène aux sentiments élevés et délicats.
    « Nous ne pouvons dans cette étude, forcément très-
courte, examiner une à une toutes les œuvres de notre
poète, les graves méditations, les pieuses harmonies de
ces derniers jours (1). Son esprit se recueillait, s'attris-

 (1) Voici pour les bibliophiles une liste à peu près complète des
œuvres imprimées de Petit-Senn :
 La Griffrmnobde, poème illustré par Toepffer, brochure in-8°, Genève,
Paschoud, 1817. — Imitation de lord Byron sur la mort de Napoléon.
Genève, Paschoud, 1821. Toute l'édition fut achetée par un général de