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414                     NÉCROLOGIE,

nales, et qui a été si tristement remplacée par le toast,
fléau des banquets actuels. Les chansonniers genevois
formèrent un groupe serré qui compta dans le monde et
joua son rôle politique : parmi eux brillaient Salomon
 Cougnard, l'auteur de Fanfan et de la Complainte de
Fualdès, Tavan, Thomeguex, La Rivière, qui de sa voix
tonnante répandait d'un bout de la ville à l'autre les
couplets et les refrains du jour. Ces allègres compagnons,
comme leurs confrères de Paris, eurent un « Caveau, »
d'où sortirent toutes sortes de gaietés et de malices.
 UAlmanach genevois, le Calendrier littéraire, qui parut
 en 1823 et les années suivantes et les trois volumes,
 aujourd'hui très-rares, des Poésies genevoises, publiées
 à Paris, en 1830, par M. Louis Reybaud recueillirent ces
 pièces (il y en a d'exquises), que nos poètes signaient des
 lettres finales et non des initiales de leurs noms. Un E.
 désignait Champonnière, un Y. Gaudy, un T. Petit-Senn,
 le plus fécond et le plus homme de lettres de tous.
   « Ce furent aussi ces dilettantes en poésie qui fondè-
rent, en 1826, le Journal de Genève, plus littéraire que
politique à son apparition. L'histoire vaut la peine d'être
racontée. C'était après un repas fort gai, comme étaient les
repas d'alors. Au dessert, les chansons épuisées, un
Français, M. Ch. Durand, qui faisait des conférences à
Genève avec beaucoup de mémoire et beaucoup de succès.,
dit à ses convives : D'où vient que votre ville, si intelli-
gente, etc., n'a pas de journal? — C'est vrai, firent les
autres. Et aussitôt, séance tenante, le journal fut décrété,
le programme arrêté, la rédaction constituée, et les rôles
distribués entre les rédacteurs. Les fondateurs du jour-
nal, outre Durand, Chaponnière, Salomon Cougnard,
Petit-Senn, furent MM. Gosse, More, J. Humbert, Mayor
père et James Fazy.