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344           LE PAGE DU BARON DES ADRETS.

encore mais que les pauvres ouvriers sortaient déjà de
leur grabat pour voguer aux rudes travaux ; alors que
les paysans de la contrée, partis la nuit, se présentaient
aux portes de la vilieatlendanl qu'elles fussent ouvertes
pour entrer dans les rues étroites, se répandre de tous
côtés et étaler sur les places les récoltes de leurs champs,
les légumes et les fruits de leurs jardins, la puissante ci-
tadelle abaissa ses ponls-Ievis, et, sous la surveillance
de ses gardiens vigilants, se mit en communication avec
 le reste de la cité. Aux sons de la trompette, les soldats
 se rangèrent en bataille dans la cour; le commandement
 des chefs se fit entendre et, entouré des officiers qui le
 suivaient dans les batailles, le baron des Adrets parut.
     Son costume différait peu de celui qu'il portait à l'or-
 dinaire alors qu'il conduisait les huguenots au combat,
 et cependant une recherche inaccoutumée se faisait voir
 sur toute sa personne. La cuirasse, les brassarls et les
 cuissarts, en acier poli, étaient simples et ne s'éloi-
 gnaient pas de l'austérité protestante, mais ils étaient
 fourbis avec soin et ils jetaient un magnifique éclat. La
 culotte, presque bouffante, le ceinturon et les gantelets
 étaient en chamois immaculé et n'avaient jamais servi ;
  le chapeau était surmonté d'une petite plume noire qui
  ne manquait ni d'élégance ni de coquetterie; un léger
  manteau noir porté sur son bras gauche, paraissait plu-
  tôt un vêtement de parade que de nécessité; tout l'en-
  semble de sa personne était soigné comme s'il eût en
  l'intention de plaire, ou comme si, au lieu de partir pour
  une expédition de guerre, il eût dû se rendre à la
  Cour.
      Un air de contentement rayonnait sur son visage, et