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DE L'HOMME. 283 n o u v e a u s'il était s a g e ; a u s s i faut-il surveiller de près l'homme n o u v e a u . Doctes ineptes qui inventez les générations fortuites de notre espèce, et la faites naître du dieu Hasard, vous êtes- vous j a m a i s dit que pour accréditer votre scientifique bé- vue, il vous faut persuader aux liis qu'ils n'ont point de mères; aux mères, qu'elles n'ont point de fils; à la femme, qu'elle n'a point d'époux; aux s œ u r s , qu'elles n'ont point de frères : — qu'en un mot il vous faut extirper de l'humanité la famille et tous les sentiments sacrés qu'elle recèle pour que votre folie p u i s s e y croître ! L'astre de la nuit répare ses défaillances : son c r o i s s a n t refait son disque; sa lumière renaît après l'ombre qui l'avait un m o m e n t éteinte; m a i s l'homme ne se refait, ni ne se répare. Il n'y a u r a d'homme n o u v e a u que cet être i n - c o n n u , quelconque, qui r e m p l a c e r a l'homme m o r t ; car d a n s l'ordre s u r n a t u r e l , comme dans l'ordre légal, c'est la mort qui donne n a i s s a n c e à l'être; c'est toujours « le mort qui saisit le vif » (1). DUBOIS GUCHAN, (1) Ce profond chapitre sur l'humanité est extrait du beau volume L'esprit, de mon temps, que M. Dubois-Guchan, conseiller à la Cour Impériale de Lyon, vient de publier. L'éloge que nous en avons fait dans notre précédente livraison ne pouvait nous satisfaire; il ne pou- vait faire connaître à nos lecteurs cette argumentation serrée mise au service d'une philosophie consolante qui rehausse l'humanité, venge la morale et sape si vigoureusement le matérialisme moderne. Nous serions heureux que ce chapitre, pris au hasard, donnât envie de con- naître un des livres les plus remarquables de notre époque. k. v