page suivante »
254 IX l'AGE DU BARON DES ADRETS. puissants, avait refusé de permettre l'érection d'un temple protestant dans son voisinage, et les chefs hugue- nots avaient été surpris de voir des prêtres résister aux menaces et à la violence, quand tout était muet, quand tout pliait dans la cité. Jusqu'à ce jour, 01 avait respecté cette église opulente et celte somptueuse demeure. Le baron des Adrets les montre de la main, cl sa voix ferme et vibrante ordonne d'enfoncer Ses portes énor- mes et solides, d'emporter d'assaut le cloître fortifié et de le démolir avec l'église et les maisons canoniales. Le pillage sera la récompense et le prix de cet exploit. A cet ordre, à ce commandement, la foule hésite. Le respect est trop ancien pour qu'en un instant il s'efface ; mais l'espoir du pillage incite, encourage, enivre la po- pulace; elle se précipite et se rue contre les portes non défendues qu'elle enfonce à coups de poutres pesantes ; les cloîtres violés, les voûtes souillées firent bientôt enten- dre des cris, des blasphèmes et des hurlements. Les maisons canoniales étaient vides ; chanoines et ser- viteurs avaient fui avec terreur au premier coup frappé, au premier cri poussé contre la sainte et royale résidence. Mais le meurtre n'était pas le but des envahisseurs; les infirmes, les vieillards, les malades purent fuir ou être emportés. îl n'y avait ni lutte ni combat; la vie des habitants épouvantés fut dédaignée ; ce fut vers l'église et le trésor que la foule d'abord se rua. La forteresse de Saint-Just, bâtie en dehors de la ville, dominait la Saône et se dressait, sentinelle vigilante, sur la route romaine de Narbonne et de Bordeaux. Forte par sa position, entourée de trois côtés par des pentes escarpées, du quatrième par des fossés profonds, ceinte