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FAVKE, VADGELAS. 89 J'avais un incroyable désir de faire le voyage avec lui... » Il y a assurément loin de cet éloge, que l'amitié a peut-être quelque peu exagéré, au jugement sévère et inexorable de M. de Saint-Genis ; nous estimons que la vérité est entre ces deux appréciations : saint François de Saies devait se connaître en hommes, et il n'est pas vraisemblable de penser qu'il ait pu si longtemps de- meurer la dupe d'un personnage avec lequel il s'est au contraire toujours honoré d'entretenir une amicale et sérieuse correspondance. Les quatrains du président Favre (1) respirent tous un sentiment vrai des plus belles vertus chrétiennes : on y trouve une protestation formelle contre les affir- mations de duplicité et d'égoïsme qu'on lui prête : il n'est pas possible de supposer une pareille contradic- tion entre la vie du jurisconsulte homme d'Etat et les écrits du moraliste. Nous en citerons quelques-uns qui donneront la me- sure de la piété et des vertus du digne ami du saint évêque de Genève. XXXII, Si par discours tu peux comprendre, De ta grandeur l'immense pauvreté, Vois qui tu es, vois qui tu as été, Qui tu seras encore après ta cendre. XXXVI. Ne fais jamais que ton œuvre méchante Donne sujet de mal parler de toi ; C'est le secret pour bien vivre, et m'en crois : Ouïr le blâme et faire tant qu'il mente. (1) Les quatrains des sieurs de Pyhrae. Favre, etc. — Amsterdam, Jacques Desbordes 1,735, — p. 27. et stiiv.