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86                   FAVRE, VAUGELAS.

  religieux, la croix pastorale suspendue au cou : l'artiste
  a été heureusement inspiré de ne point signer son
  œuvre aussi médiocre que possible ; mais elle n'en a
  pas moins aujourd'hui du prix en raison du souvenir
  pieux qu'elle rappelle : elle est la propriété actuelle de
, M. le curé Blanchon.
     La vie et les œuvres du Président Favre n'avaient
  jusqu'à présent trouvé que des louanges, au point que
  le sénateur Àvet s'écriait en 1824, dans son Eloge his-
  torique du président Favre : « Puisse cet essai faire
  germer dans les cœurs l'amour des sublimes vertus
  dont Favre offrit le plus parfait modèle ! »
     M. Victor de Saint-Genis, dans son Histoire de Sa-
  voie, que nous avons déjà citée, consacre tout un cha-
  pitre de son livre au rôle que jouèrent dans leur pays,
  saint François de Sales et le président Favre : le
  portrait de ce dernier est loin d'être flatté. « Favre,
  dit-il, fit de l'âme ingénue de saint François de Sales
  l'instrument de sa fortune : l'amitié de l'évêque de
  Genève a jeté sur le premier un si singulier éclat que
  les fautes du politique sont comme effacées par les ver-
  tus du saint. Doué de qualités éminentes, mais faisant
  bon marché de ces conventions sociales du vice et de
  la vertu, qui ne sont, à ses yeux, que le frein des âmes
  vulgaires, Favre trouvait dans les duplicités de Char-
  les-Emmanuel, dans l'état embarrassé de la Savoie, dans
  les désordres de l'Europe, l'emploi d'un goût décidé
  pour l'intrigue, d'une apparente franchise, d'un esprit
  délié, subtil, d'une passion du commandement que
  contrariait sa cauteleuse prudence ; il était de ces ri-
  ches, déguisés en pauvres, qui sacrifient l'éclat du pou-
  voir pour mieux s'assurer la satisfaction de tout secrè-
  tement conduire. »