Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                   RECHERCHES SGR JEAN GROLIER.                           43

lier, le fut à son tour de plus d'un bibliophile, de Marc
Lauwrin, ami et contemporain de Grolier, de Thomas Gueu-
lette, l'un des plus aimables et des plus savants adeptes de
la bibliophilie au XVIIIe siècle; notre grand chirurgien
lyonnais, Marc-Antoine Petit, l'inscrivait aussi sur ses livres.
Grolier l'avait prise, et il la pratiquait; il avait coutume de
dire qu'il préférait s'exposer à la perte d'un livre, plutôt que
de priver un homme delà facilité de s'instruire(1). Plusieurs
des ouvrages qu'il possédait sont a double, triple et multi-
ple exemplaires. 11 donnait beaucoup de livres , il en prêtait
davantage, et justifiait ainsi les éloges dont les gens de
lettres furent prodigues envers lui.
   Le choix extrême des texies , des éditions et des exem-
plaires dont ii forma sa bibliothèque n'eût peut-être pas suffi
à en assurer la célébrité, sans l'élément artistique qui l'a
consacrée. M. Le Roux de Lincy ne fait nulle difficulté
d'avouer que, pour beaucoup d'amateurs, les reliures des
livres de Grolier font tout le prix de ces rares .volumes.
Aussi, tout un chapitre (le IV8 du livre II) — et ce n'est pas
le moins intéressant des Recherches — est-il consacré à

  (1) Le D r A. Potton. Notice sur Prunelle, 1855, ïn-8°, p. 42. Voy. de
Thou (Histoire, t. II, ehap. xxxvn). A propos de la mort de Grolier, en
1565, cet historien rappelle tout ce qu'il fut et insiste sur sa libéralité
envers ses amis « largilAones in amicis. » Tous les bibliophiles n'imitèrent
pas Grolier; on cite Scaligcr, qui avait écrit au fronton de sa bibliothè-
que : [te ad vendentes et emite vobis. Mieux vaut le distique de Nodier,
composé pour son ami Pixérécourt :
                 Tel est le triste sort de tout livre prêté,
                 Souvent il est perdu, toujours il est gâté.
   Mais mieux vaut surtout la libéralité do Grolier qui nous est connue,
celle du bibliophile belge Bathis, qui écrivait en grec sur ses livres qu'ils
étaient à ses amis autant qu'à lui-même, et celle plus large encore d'uu
« brave homme, exilé volontaire, nommé Sehelcher, » que cite Jules Janin
(dans un petit volume déjà rare, et charmant, l'Amour des livres, 1866),
qui inscrivait sur ses livres : Pour tous et pour moi.