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324 AUTOGRAPHES DEUX LETTRES DE BERCHOUX. 1. A MONSIEUR MICHAUD, HOMME DE LETTRES. Lyon, eu vendredi, 22 octobre. Je vous adresse, mon cher ami, quelques détails sur le retour de Monsieur, frère du roi, dans la ville de Lyon. Une députation de cette ville était allée à Grenoble pour le supplier de vouloir bien accorder encore quelques instants à ses bons Lyonnais. Le prince y a consenti en disant qu'il n'avait rien à leur refuser. Il est arrivé hier jeudi, sur les quatre heures du soir, au bruit de toutes les cloches de la ville, et il a été accueilli par une foule immense, qui n'a cessé de lui donner des témoignages de la joie qu'elle avait de le revoir. Toutes les maisons ont été illuminées sur le champ. Aujourd'hui, il a assisté à la messe à onze heu- res, dans la cathédrale de Saint-Jean. A son retour, il a reçu les autorités. M. le lieutenant-général comte de Précy lui a pré- senté deux bons paysans du village de Sainte-Agathe, nommés Ligout. « Voilà , Monseigneur, lui dit le général, deux braves gens qui m'ont sauvé la vie au péril de la leur. Ils m'ont caché pendant quinze mois dans leurs maisons et dans les souterrains qu'ils avaient pratiqué pour moi autour d'elles. Il y a peu v d'exemples d'un tel courage dans le temps de la plus affreuse terreur, où ma tête était mise à prix. » Mes amis, leur a dit le prince, je me rappellerai toujours de votre belle action, et nous vous remercions de nous avoir conservé un brave homme que nous aimons. Ces bons paysans ont pleuré de joie à ces paroles, et ils sont retournés dans leurs montagnes, comblés de recon- naissance et de bonheur; ils ont été décorés du lys, auquel ils mettent un grand prix-, et qui suffit à leur ambition. Personne n'est plus digne de le porter. Le prince est sorti à midi de son palais pour aller aux Brot- teaux poser la première pierre d'un monument religieux que la ville va ériger en l'honneur des malheureuses victimes im- molées à la suite de l'honorable siège qu'elle a soutenu. Rien n'a