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230                      PIERRE REVOIL.
une voie nouvelle, et conserver sur lui un empire, que des
peintres plus célèbres n'ont pas toujours exercé.
   La vie de Pierre Revoil pourrait servir à la démonstration de
cette thèse, et quoique son éducation d'artiste, comme peintre
d'histoire principalement, se soit faite sous les auspices d'un grand
réformateur, dont l'enseignement dogmatique a dû mainte fois
réprimer chez ses élèves les élans juvéniles d'une originalité
native, il n'en a pas moins suivi constamment la voie que la na-
ture de son talent lui indiquait. Maintenant quelque soit l'o-
pinion favorable ou non que l'on puisse avoir de son Å“uvre,
il est certain que Revoil a rendu de grands services à la pein-
ture de son temps , et que son influence sur elle a été à la fois
assez puissante et assez heureuse pour que les vrais ama-
teurs des arts lui en gardent une vive et profonde reconnais-
sance. Il est vrai de dire que souvent, et quelqu'ait été, durant
la vie d'un peintre, le succès de ses tableaux, la postérité vient
en rabattre quelque peu, et qu'alors plus d'un critique ne
s'incline pas respectueusement devant les arrêts contemporains
 des ouvrages qu'il juge; seulement, s'il lui est arrivé en les
 révisant avec rigueur, de prononcer avec moins d'équité que de
passion, il n'a fait vis à vis de l'artiste, faussement apprécié que
retarder pour lui le jour de la justice.
   Quoiqu'il en soit, Pierre Revoil, dont j'essaierai de raconter
la vie, en appréciant ses œuvres, naquit à Lyon, le 12 juin
1776, d'honorables commerçants de la paroisse Saint-Nizier. Peu
d'années après la naissance de son fils , M. Revoil père ayant
jugé à propos d'aller s'établir à Messine, confia son enfant aux
soins de son oncle maternel, homme rempli d'honneur et de
 sentiments délicats, qui eut pour son neveu l'affection et la sol-
licitude d'un véritable père. A l'âge de douze ans, le jeune
Revoil qui montrait d'heureuses et précoces dispositions poul-
ie dessin, fut placé à l'École centrale de Lyon, ouverte alors à
l'Hôtel-de-Ville sous le patronage de plusieurs notables de la
cité, et sous la direction de feu Grognard qui fut ensuite pro-
fesseur de principes à l'École du Palais-des-Arts. Dirigé par
ce maître habile, et grâce aux leçons qu'il reçut ensuite d'un