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 58                            COLONNE DE CUSSY.
 monument serait moins dégradé que de son temps, puisqu'une
 troisième figure, à savoir le captif, est aussi bien conservée que
 les deux autres. Il paraît donc évident que le conseiller de la
 Mare n'a parlé qu'au point de vue d'une bonne conservation,
 et que ce sentiment lui a fait voir le monument aussi dégradé
 que nous le voyons aujourd'hui. Lorsqu'il s'agit de désigner,
 d'après les anciens auteurs, quelles divinités représentaient ces
 figures effacées, il faut bien distinguer entre ceux qui n'ont vu
 le monument qu'une fois et ceux qui, à diverses reprises, l'ont
 attentivement étudié. Ainsi, lorsque l'abbé Tisserand, curé de
 Crugey, qui, toute sa vie, a inspecté la colonne, affirme qu'il a
 vu, au commencement du XVIIIe siècle, la main de Jupiter
 armée de la foudre, il est bien d'une autre autorité à mes yeux
 que M. de la Mare, qui ne l'a vue, pour ainsi dire, qu'en pas-
 sant, si, toutefois, il l'a visitée.
     Il est constant, au surplus, que ceux qui ont inspecté la co-
  lonne après Saumaise, ont pu discerner par une étude attentive
  des attributs et des traits caractéristiques à demi-effacés.
     M. de la Mare qui s'était intéressé à ce monument en parta-
. géant l'admiration de Saumaise , envoya à Cussy le célèbre
  sculpteur Dubois pour le dessiner. Dubois, habile artiste, n'é-
  tait pas archéologue au même degré ; il s'intéressa peu à un
  monument dont les statues frustes avaient perdu en grande
  partie leurs lignes ; toutefois, il suppléa à ce qui manquait et
  fit un dessin infidèle, mais correct, que, suivant une grande
  probabilité, M. de Mautour, ami de M. de la Mare, a commu-
  niqué au P, Monfaucon pour son grand ouvrage (1).
    Le P. Lempereur visita le monument, sur la fin du XVIIe siè-
 cle ; quelques années plus tard, il écrivit sa dissertation en 1706,
 époque où depuis longtemps ce savant n'habitait plus la Bour-
 gogne. Il considérait comme inexact le dessin de Dubois ; mais
 il est à croire qu'il avait lui-même perdu de vue les particula-
 rités de la colonne, et que ses souvenirs étaient aussi effacés
 que les figures de ce monument, qu'il considère comme funè-

      (1) Antiquités expliquées, loin. Il du Suppi.