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                     LETTRE À M. BENECH.                        49
servation qu'il ne nous appartenait pas, à nous Lyonnais, de
porter un jugement trop rigoureux sur le bienfaiteur de nos pè-
res. Un des nouveaux chapitres de ma Monographie contiendra
une appréciation beaucoup plus détaillée du caractère littéraire
et politique de Claude, ainsi que celle de la biographie de son
père Drusus, de sa mère Àntonia, et une étude des circonstan-
ces qui amenèrent la naissance, à Lyon, du futur protecteur
des Gaulois chevelus. Dans l'appréciation des motifs qui déter-
minèrent l'empereur à prononcer son célèbre discours, vous
m'indiquez une lacune. Selon vous, Claude aurait eu une raison
politique, celle de favoriser le mouvement qui tendait à élargir
incessamment le cercle de l'admission aux droits civils et poli—
ques. J'admets très-volontiers cette tendance des empereurs à
établir dans tout l'empire l'unité politique, mais je ne l'admets
que comme une observation générale, formulée après l'événe-
ment. 11 me semble que vous faites bien de l'honneur à Claude ;
qu'il n'ait pas été si stupide qu'on veut bien le dire, c'est ce que
prouve son discours, mais n'en faites pas, je vous prie, un po-
litique si prévoyant et si subtil. N'y a-t-il pas encore un peu
d'arbitraire dans votre affirmation que la circonstance particu-
ticulière de la naissance de Claude à Lugdunum ne doit avoir
eu qu'une influence assez médiocre sur la résolution du prince ?
Qu'en savez-vous,, et où le voyez-vous? Parmi des interpréta-
tions diverses ne faut-il pas choisir la plus logique et la plus
 naturelle ?
    Mais je passe rapidement ici sur les questions accessoires, et
j'ai hâte d'arriver au point capital, la condition politique des ha-
bitants de Lugdunum, au temps de Claude. Pour m'écarter le
moins possible de ce sujet, le seul que j'aie à cœur, je serai court
 sur la question générale des colonie romaines.
    Cette opinion que les colons romains possédaient le Jus suf-
fragii et le Jus honorum n'est pas, je vous l'accorde, aussi gé-
 néralement reçue et aussi bien établie que je le pensais. Vous
 citez à l'appui de l'opinion contraire une liste formidable d'auto-
 rités : Sigonius, Spanheim, Pilati de Tassulo, Beaufort et Heinec-
 cius, qui se sont appuyés sur des textes nombreux, empruntés
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