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501 Cette brusque apparition du coupable époux qu'elle croyait à jamais perdu, rappelle Adeline à la raison. Elle reconnaît Edouard et se précipite dans ses bras ; mais celui-ci, épou- vanté en découvrant quel nouveau crime il allait commettre, est saisi de remords et prend la fuite. Il fuit à temps. Les pas qu'il a entendus étaient ceux de Jac- ques et de Sans-Souci qui, occupés à rechercher Adeline, sont arrivés pendant la nuit près de la maison de Gerval à la porte de laquelle ils ont frappé pour demander un asile. Las d'attendre en vain qu'on leur réponde, ayant découvert la brè- che par laquelle se sont introduits les complices d'Edouard et de Dufresne, ils sont entrés. Ils sauvent la vie de Gerval ; et, au milieu du tumulte de cette scène, Dufresne est tué par la main de Jacques. Quelque temps s'écoule. Jacques, Adeline dont la raison est complètement revenue depuis cette nuit de terreur et d'a- larmes, et la jeune Ermance, sa fille, sont établis dans la mai- son deA'illeneuve-Saint-Georges, autrefois achetée et revendue par Edouard. Cette maison a été donnée à Jacques par le r e - connaissant Gerval. Bientôt ce généreux vieillard descend dans la tombe ; son testament partage ses biens entre Jac- ques et Adeline. Neuf années se passent, le frère, la femme et la fille de Murville se sont efforcés d'oublier le passé ; mais Jacques n'a plus reporté sa croix d'honneur. Le brave soldat pense que les crimes de son frère lui ont enlevé le droit de se parer de cette noble décoration. Un jour, contre cette même grille au travers de laquelle au- trefois Jacques avait contemplé ce jardin, séjour de ses jeunes années, paraît un homme couvert de haillons et d'un aspect au moins aussi sauvage et aussi hagard que celui du malheureux qui alors avait jeté le trouble dans l'esprit des jeunes mariés. La fille d'Adeline aperçoit la première l'étranger ; elle est effrayée à cette vue. Adeline et Jacques accourent à ses cris, ils reconnaissent Edouard Murville. Les gendarmes sont à la