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502 poursuite de ce malheureux, une mort ignominieuse le me- nace; et, à ce même endroit, témoin de la durelé avec laquelle il repoussa son frère dont le seul crime était une honorable pauvreté, il est venu, l'infâme assassin, se réfugier près de ce jardin où s'est écoulée son enfance, où il a joui d'un si doux bonheur auprès de l'ange qu'il a méconnu. Nous nous abstenons de décrire le repentir d'Edouard, et le généreux pardon accordé par Adeline. Jacques reste seul avec son frère. Les gendarmes s'approchent, ils vont décou- vrir le coupable... Pour comprendre la catastrophe qui dé- noue le drame, il faut se rappeler que la scène est en France, que Jacques est français et soldat, et qu'à ce double titre l'honneur est la seule règle de ses pensées, de ses sentiments el de ses actions. Sa seule espérance, dans ce moment fatal, est d'éviter à son frère et à sa famille l'ignominie d'une exé- cution publique. Il offre en détournant la tête, et d'une maire tremblante, un pistolet à Edouard qui, faisant justice de lui- même, sauve ainsi sa tête de l'échafaud. Jacques enterre sa croix d'honneur dans la fosse qui reçoit la dépouille mortelle de son malheureux frère. Le lecteur a reconnu sans doute en parcourant cette rapide analyse les défauts qui gâtent la composition de cette histoire. Quant à nous, et par-dessus tout, nous blâmons le révoltant et au moins inutile épisode du crime commis par Dufresne contre Adeline. Cependant malgré les imperfections de ce drame, on est forcé de reconnaître la richesse d'invention, la nombreuse variété d'incidents et le saisissant intérêt qui le distinguent. On comprend que l'auteur d'une telle œuvre ne possède pas des qualités ordinaires ou passagères. De tous les romans de Paul de Kock, le Cocu est le plus parfait et rivalise peut-être avec Frère Jacques; le Bon Enfant est le plus touchant. Le grand succès du Cocu, dans lequel le titre seul est capa- ble d'effaroucher les susceptibilités les plus méticuleuses, a du prouver à Paul de Koch que sa popularité n'est pas le ré-