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70 chain parce que, comme Aristote le dit des frères, nous som- mes une môme substance dans des individus distincts ; or Dieu est bien la substance intégrale dont la possession nous procurera la félicité absolue ! L'homme aime la nature parce qu'elle a quelque chose qui le pénètre du sentiment de l'infi- ni ; or Dieu est bien cet infini dont l'ombre seule répandue sur la nature suffit pour nous jeter dans des extases et des mélancolies indicibles ! Demandez à présent pourquoi Dieu est si doux à aimer ! Celui qui aime Dieu aime tout ce qui est bon; voilà pour- quoi l'amour de Dieu est le plus haut degré d'amour. Celui qui aime Dien aime implicitement son père, sa mère, son amie, son enfant, son prochain; il aime implicitement le bien, le beau, le vrai; il est artiste, philosophe, homme de bien, il est le plus heureux des pères, des époux, des enfants; il réu- nit tous les ravissements qu'un mortel peut éprouver. Mais un tel amour doit porter un nom sacré, et bien doux à tous les cœurs. Oui, il existe un sentiment qui serait au-dessus même de l'amour, s'il n'était l'amour lui-même, mais l'amour idéal, l'amour pur, c'est la Piété ! C'est là l'amour dont brûlent les vierges, c'est l'amour de prédilection de ces âmes trop céles- tes pour s'arrêter quelque part dans le temps. Y a-t-il rien de plus heureux que la piété ! Quoi, pouvoir dire qu'on l'aime à celui qu'on aime ! et le lui dire à chaque instant! La piété est pour le cœur une continuelle ouverture de son amour, où il trouve un moyen de soulager sa peine et d'épancher ses ten- dres sentiments. Quel est celui de nous qui voudrait renoncer à l'amour de son père ou de sa mère? celui qui n'a pas la piété renonce à plus que tout cela vraiment! Celui qui renonce à la piété, prive son cœur de la plus douce affection de famille. Mais ce sont là des choses auxquelles nous n'avions jamais réfléchi ! C'est toujours par le monde physique que nous som- mes remontés à Dieu ; alors ne retrouvant en lui que de la