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chain parce que, comme Aristote le dit des frères, nous som-
mes une môme substance dans des individus distincts ; or
Dieu est bien la substance intégrale dont la possession nous
procurera la félicité absolue ! L'homme aime la nature parce
qu'elle a quelque chose qui le pénètre du sentiment de l'infi-
ni ; or Dieu est bien cet infini dont l'ombre seule répandue
sur la nature suffit pour nous jeter dans des extases et des
mélancolies indicibles ! Demandez à présent pourquoi Dieu
est si doux à aimer !
    Celui qui aime Dieu aime tout ce qui est bon; voilà pour-
quoi l'amour de Dieu est le plus haut degré d'amour. Celui
qui aime Dien aime implicitement son père, sa mère, son
amie, son enfant, son prochain; il aime implicitement le bien,
le beau, le vrai; il est artiste, philosophe, homme de bien, il
est le plus heureux des pères, des époux, des enfants; il réu-
nit tous les ravissements qu'un mortel peut éprouver. Mais un
tel amour doit porter un nom sacré, et bien doux à tous les
cœurs. Oui, il existe un sentiment qui serait au-dessus même
de l'amour, s'il n'était l'amour lui-même, mais l'amour idéal,
l'amour pur, c'est la Piété ! C'est là l'amour dont brûlent les
vierges, c'est l'amour de prédilection de ces âmes trop céles-
tes pour s'arrêter quelque part dans le temps. Y a-t-il rien de
plus heureux que la piété ! Quoi, pouvoir dire qu'on l'aime
 à celui qu'on aime ! et le lui dire à chaque instant! La piété
 est pour le cœur une continuelle ouverture de son amour, où il
 trouve un moyen de soulager sa peine et d'épancher ses ten-
 dres sentiments. Quel est celui de nous qui voudrait renoncer
 à l'amour de son père ou de sa mère? celui qui n'a pas la piété
 renonce à plus que tout cela vraiment! Celui qui renonce à la
 piété, prive son cœur de la plus douce affection de famille.
     Mais ce sont là des choses auxquelles nous n'avions jamais
 réfléchi ! C'est toujours par le monde physique que nous som-
 mes remontés à Dieu ; alors ne retrouvant en lui que de la