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76 que de joie à apprendre ces choses ! Mais pour que je susse t'ai- mer, il fallait bien que je te visse comme l'idéal de tout ce que mon cœur pouvait aimer. Comment voulais tu que l'idée du Ciel me sourit s'il m'avait fallu quitter ici l'amour de mon père, de mon amie, enfin s'il m'avait fallu ne jamais plus r e - trouver la famille ! Ah ! que Dieu soit positivement comme notre père, comme notre femme, comme notre enfant, nous allons en voir une preuve flagrante ; c'est qu'il n'y a point d'idolâtrie à aimer son père, sa femme, son enfant ! En effet, nous devons aimer un père, une femme, des enfants; mais l'idolâtrie ne consiste-t-elle pas précisément à aimer autre chose que Dieu ! Alors, comment expliquer une si surprenante exception ? Vous l'avez déjà compris : nous aimons Dieu parce qu'il est celui qui possède toutes les perfec- tions; or, ici-bas les plus parfaites et les plus aimable créa- tures sont celles qui possèdent le plus les caractères de Dieu, celles qui se rapprochent le plus du souverain bien. Si donc nous devons aimer Dieu parce qu'il possède tous les caractères de la perfection, il est clair que ce n'est point lui faire une infi- délité que d'aimer ses propres caractères là où nous les rencon- trons, parce que nous ne faisons par là que nous essayer à son amour. Dans notre père nous aimons la bonté, qui est de Dieu ; dans notre femme nous aimons la beauté, qui est de Dieu; dans notre enfant nous aimons l'innocence, qui est de Dieu. Pourquoi doit-on aimer toute chose en raison de sa perfection, la justice, le vrai, le beau, le bon, si non parce que toute chose tient de Dieu en raison de sa perfection ? D'ailleurs, si nous n'armions pas les êtres en proportion de l'excellence de leur nature, il n'y aurait plus de raison pour aimer Dieu, qui est l'être par excellence. Comme dit Male- branche: « Dieu ne peut pas vouloir qu'on n'aime pas ce qui