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que de joie à apprendre ces choses ! Mais pour que je susse t'ai-
mer, il fallait bien que je te visse comme l'idéal de tout ce que
mon cœur pouvait aimer. Comment voulais tu que l'idée du
Ciel me sourit s'il m'avait fallu quitter ici l'amour de mon
père, de mon amie, enfin s'il m'avait fallu ne jamais plus r e -
trouver la famille !
   Ah ! que Dieu soit positivement comme notre père, comme
notre femme, comme notre enfant, nous allons en voir une
preuve flagrante ; c'est qu'il n'y a point d'idolâtrie à aimer
son père, sa femme, son enfant !

   En effet, nous devons aimer un père, une femme, des enfants;
mais l'idolâtrie ne consiste-t-elle pas précisément à aimer
autre chose que Dieu ! Alors, comment expliquer une si
surprenante exception ? Vous l'avez déjà compris : nous
aimons Dieu parce qu'il est celui qui possède toutes les perfec-
tions; or, ici-bas les plus parfaites et les plus aimable créa-
tures sont celles qui possèdent le plus les caractères de Dieu,
celles qui se rapprochent le plus du souverain bien. Si donc
nous devons aimer Dieu parce qu'il possède tous les caractères
de la perfection, il est clair que ce n'est point lui faire une infi-
délité que d'aimer ses propres caractères là où nous les rencon-
trons, parce que nous ne faisons par là que nous essayer à
son amour. Dans notre père nous aimons la bonté, qui est
de Dieu ; dans notre femme nous aimons la beauté, qui est
de Dieu; dans notre enfant nous aimons l'innocence, qui est
de Dieu. Pourquoi doit-on aimer toute chose en raison de sa
perfection, la justice, le vrai, le beau, le bon, si non parce
que toute chose tient de Dieu en raison de sa perfection ?
D'ailleurs, si nous n'armions pas les êtres en proportion de
l'excellence de leur nature, il n'y aurait plus de raison pour
aimer Dieu, qui est l'être par excellence. Comme dit Male-
branche: « Dieu ne peut pas vouloir qu'on n'aime pas ce qui