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492 L e lendemain, Edouard et sa femme parlent de leur avenir. Edouard exprime le désir de renoncer à la place qu'il occu- p e . « Ne pourront-ils pas vivre honorablement avec la for- tune qu'ils possèdent? La vie de campagne a tant de char- mes! » L'exécution de ce projet est résolue. Les petites af- fiches apprennent a Edouard que la maison dans laquelle il a passé ses jeunes années est à vendre. Cette propriété est située à Tilleneuve-Saint-Georges. La jeune femme est ra- vie à la seule pensée d'habiter la maison dans laquelle est né son mari. Les prudentes observations de madame Germeuil sont écarlées ; l'heureux couple et la bonne maman vont visi- ter la maison de Yilleneuve-Saint-Georges. Le lecteur conçoit quels sentiments agitent le cœur d'E- douard à la vue de ce lieu qui lui rappelle de si intéressants souvenirs; il conçoit aussi quelle sympathie celle circons- tance inspire à la charmante jeune femme. Il est impossible d'imaginer rien de mieux dans ce genre que la grâce délicate et l'exquise sensibilité avec lesquelles l'auteur sait amener et exprime l'expansion de ces sentiments. Cependant la vue de ce séjour de son enfance rappelle à Edouard le souvenir de Jacques, de ce frère qui partageait ses jeux et qui depuis si longtemps est absent. Ce souvenir l'atlriste toutes les fois qu'il se présente à son esprit. Il est à moitié persuadé que le malheureux fugilif n'est plus ; il sou- haite presque qu'il en soit ainsi. Il n'ose s'arrêter à la pensée que peut-être ce frère délaissé, pauvre et dégradé m è n e une vie vagabonde. Il repousse encore plus cette image depuis qu'il a fait un avantageux mariage. Si son frère vit encore, s'il est dans une position fâcheuse, cette déplorable circons- tance peut produire un funeste effet sur l'esprit de madame Germeuil, cependant, et c'est dans celle distinction que brille le talent ingénieux et vrai de l'auteur, Edouard, quoiqu'il soit égoïste^ n'est pas entièrement insensible. Son cœur est vain, mais il n'est pas cruel; il ne veut pas repousser son frère s'il se présente, mais il redoute qu'il ne se présente pauvre et