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209 De hautes montagnes s'accusant vivement sur un ciel afri- cain, servent de fond à Palma, qui se développe sur une pente assez rapide ; la jetée qui forme le port conduit à la Porte de mer par laquelle on franchit les remparls ; à peine a-t-on entrevu ces rues étroites et sinueuses, ces fenêtres défendues par d'épaisses jalousies, s'ouvrant sur de hauts et larges balcons qui assombrissent les rues, et ces édifices arabes qui parais- sent aussi légers que les bouquets de palmiers qui s'élancent à côté d'eux comme un rival, qu'on devine la vieille ville des Maures et de Ferdinand le catholique. Palma est encore au- jourd'hui l'Espagne au moyen-âge (1), rien n'y manque, ni les combats de taureaux, ni les sérénades; ce sont toujours des milliers de moines à la haute stature, la tète couronnée d'une étroite bande de cheveux, comme les portraits de Yelasques et de Ribeira, avec leur grande robe dont les plis s'accusent à grands effets d'ombre et de lumière, se mêlant à celle belle population dont la physionomie tient à la fois de la sévérité ibérienne et de la mollesse orientale; d'agaçantes Manolas, d'é- légants Majos, types effacés dans la Péninsule, mais que les Baléares conservent purs encore, dansent à l'ombre des oran- gers au son des guitares et des castagnettes, entourés de nom- breux spectateurs qui, fièrement drapés dans le manteau tra- ditionnel, ajoutent au plaisir de la musique la volupté du ci— garito. L'usage des Arabes de réserver tout le luxe de l'architectu- re pour l'intérieur des édifices, s'est conservé à Palma dans les constructions modernes; les cours sont ornées de colonnes, de sculptures (2), et dans la plupart on retrouve la fontaine jaillis- de Mahon. Elle renferme près de 40,000 habitants, dont 3000 moines Ou prêtres. (1) La vieille clepsydre arabe ( deux bassins d'eau et un morceau de liège) est encore en usage dans la campagne; le marché s'appelle Zocodover; Saut, en arabe marché. (2) Nous avons vu dans les débris antiques recueillis avec soin et employés 14