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386 Voici comment M. Germain juge la manière littéraire de notre illustre compatriote: « Beaucoup de recherche, un emploi fatiguant de métaphores, un abus continuel de l'antithèse et de l'esprit, l'amour excessif de la forme, tels sont en général les défauts de Sidonius. Ces défauts, nous les avons remarqués dans les panégyriques, où ils ressorlent avec d'autant plus d'éclat., qu'ils se trouvent souvent au milieu de morceaux qui ne manquent ni d'énergie ni de beauté. Us sont peut-être plus frappants encore dans les lettres. Si, comme Sidonius le reconnaît, letonmale de la prose repousse l'exubérance des richesses poétiques, quoi de moins simple que les expressions potor Mosellœ et bibilor Araricus, pour désigner les habitants des bords de la Moselle et de la Saône ? Quoi de plus ampoulé que l'exorde de la lettre des- tinée à accompagner l'éloge d'Eurik ? A quoi bon ces fréquen- tes oppositions d'idées et de mots qui ont l'air de vrais tours de force, comme, par exemple, dans le tableau des mœurs de Ravenne ou dans le portrait de Seronalus? Pourquoi même ces allusions, ces pointes, ces calembourgs ? Y a-t-il donc de la honte à parler d'une manière intelligible ? Si les contem- porains de Sidonius pouvaient à peine le comprendre, si Ru- ricius avait besoin, pour pénétrer le sens de ses écrits, du secours de son fils Apollinaris, faut-il s'étonner que Pétrarque se soit plaint de leur obscurité, et que les modernes aient reculé devant les difficultés d'une traduction rigoureuse ? Il est vrai que le style de Sidonius est un peu celui de son temps, et que la responsabilité ne lui en appartient pas tout entière. Sidonius est loin de justifier ses prétentions à l'ori- ginalité. Écho du passé en littérature comme en politique, il semble chargé de continuer les traditions romaines, afin d'en rattacher la chaîne à celle du monde nouveau. Aussi se croit- il obligé de marcher sur les traces des anciens. Il imite dans ses poésies les écrivains du beau siècle, Virgile et Horace, et surtout ceux de la décadence, Stace et Claudien. De même, dans ses lettres, il se propose pour modèles Pline et Synv