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gueules, et, aux quatres aigles désarmés que vous portez,
vous enjoindrez autant que vous m'avez conquis d'enseignes. »
Depuis lors les Montmorency portent : d'or à la croix de
gueules cantonnée de seize alérions d'azur.
   Godefroi de Bouillon, devenu roi de Jérusalem, abandonna
de même ses anciennes armoiries pour celles que l'on re-
marque en tant de lieux, et surtout dans les quartiers des
maisons d'Anjou ancien, de Savoie et de Lorraine. Elles sont
d'argent à la croix potencèe d'or, cantonnée de quatre croi-
setles de même (1). Ces armes sont connues de tout le monde,
soit à cause de leur célébrité, soit parce qu'elles sont con-
traires aux lois héraldiques; il serait plus juste de dire qu'elles
ont précédé les règles; elles ont cela de commun avec les
armes primitives des Montmorency. Depuis longtemps l'on
n'admet plus couleur sur couleur, ni métal sur métal ; mais
alors on n'y regardait pas de si près.
   La croix potencèe du premier roi chrétien de Jérusalem
nous rappelle une assez bonne épigramme héraldique que
l'on peut attribuer avec quelque fondement au père Menes-
trier. Ce savant se mêlait parfois de poésie, et ne tournait
pas mal un rondeau. Le Laboureur, ancien prévôt de l'Ile—
Barbe, qui blasonnait comme tout le monde alors, avait pré-
tendu que la croix du comte de Jaffa était potencèe, tandis
qu'elle n'était réellement que pattée (2). Un des amis de Me-
nestrier, nous sommes fondé à croire qu'il s'agit de Me-
nestrier lui-même, lui décocha l'épigramme suivante :
            Votre plume un peu trop pressée
            Donne au comte de Jaffe une croix potencèe
            En changeant ses extrémités ;
            Pour réparer cette ignorance,


  (1) La croix potencèe a ses extrémités terminées en forme de potence ou
béquille. Les croisettes sont de petites croix.
  (2) Pattc'e, aux extrémités élargies en forme de pattes.