Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                               486
détourné de lui leurs aristocratiques suffrages, quoiqu'il sois
l'un des auteurs les plus populaires qu'ait produit la France.
Cependant celte proscription dédaigneuse frappée sur les ou-
vrages de Paul de Rock ne les empêche pas de pénétrer dans
toutes les classes de la société, de se glisser mystérieusement
dans le boudoir de la grande dame aussi bien que dans le ma-
gasin de la modiste, et d'envahir l'atelier de la couturière, la
loge du portier, et même l'échoppe du cordonnier le plus in-
fime.
   Cette extraordinaire popularité a été un motif déterminant
de la réprobation prononcée contre les œuvres de Paul de
Kock par ceux qui se piquent d'avoir des sentiments plus dis-
tingués que le vulgaire. Ils accusent cet auteur d'écrire pour
les grisetles, ils plaisantent dédaigneusement sur la grossiè-
reté de ses lecteurs ordinaires, tandis qu'ils élèvent au sep-
tième ciel les sensualités raffinées de Lêlia, ou les délicates
dépravations de la Peau de Chagrin. Si, après avoir entendu
certains critiques français déprécier ainsi les nombreux ou-
vrages de Paul de Rock, un anglais lisait ces ouvrages pour se
former une opinion propre sur leurs défauts ou sur leur mé-
rite, il serait étonné de trouver au milieu d'une exubérance
de saillies, qui souvent dépassent les limites du bon goût et
quelquefois même blessent les lois d'une saine morale, l'ex-
pression des sentiments les plus nobles et les plus élevés, et
même des passages qui excitent dans l'ame les plus touchantes
émotions. Peut-être, peut-on dire en toute vérité que jamais
auteur n'a dépassé le génie qui a créé le Bon Enfant et Frère
Jacques, ce drame animé et pénétrant dont les éléments sont
puisés dans les passions par lesquelles, chaque jour, la vie hu-
maine est agitée.
   Les critiques envieux, qui ont représenté le talent de Paul
de Rock comme supérieur seulement pour dépeindre des
farces grossières ou pour tracer de joviales caricatures, ont
commis contre cet écrivain une grande injustice. Comme
Hogarth, Paul de Rock a su cacher, avec une subtile et pro-