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cependant reconnu sa femme et sa fille, arrive à Toulon. In-
 fecté par la contagion des misérables au milieu desquels il est
 placé, il perd bientôt jusqu'au sentiment du remords. Il trouve
 enfin le moyen de s'échapper. Découvert dans sa fuite par un
 homme qui aperçoit la flétrissante marque dont il porte
l'empreinte, et sur le point d'être livré à la justice, il n'hésite
 pas à assurer son salut par un meurtre !
    Le hasard le réunit à Dufresne. Cet autre misérable a
réussi à se soustraire au châtiment infligé à ses complices ; il
 est maintenant chef d'une bande de voleurs. Dufresne raconte
 son histoire à Edouard. Fils d'un homme ruiné par la perte
imméritée d'un procès, et dont le caractère aigri par l'infor-
tune a tourné à un misanthropisme exagéré^ son esprit hardi,
 indépendant et subtil, a pris au pire les déclamations de
 son père, et il a contracté une précoce disposition à deve-
 nir un mauvais sujet. Cette esquisse offre au lecteur une
 leçon philosophique pleine d'importance et de vérité. Les
 passions de Dufresne naturellement ardentes, et libres des
utiles entraves qu'impose une bonne éducation, sont encore
 excitées par les épreuves pénibles auxquelles la pauvreté sou-
 met l'homme. L'adversité produit trop souvent ce funeste effet
d'amener l'homme malheureux à regarder les autres hommes
comme ses ennemis naturels. Dans ces cas déplorables, l'in-
telligence se développe tandis que le cœur s'endurcit.
    Dans le cours de son récit, Dufresne révèle à Edouard l'ou-
 trage commis sur Adeline. Murville frémit d'horreur en ap-
 prenant cet attenlall mais il est arrivé trop bas et trop loin
pour pouvoir regarder en arrière. Son caractère toujours fai-
ble a plus que jamais besoin d'un guide : il abhorre le crime
de Dufresne, mais il a besoin de l'habileté de cet homme pour
conserver sa liberté ; il se tait.
    Adeline, dont la raison continue d'être égarée, habite tou-
jours la maison du généreux Gerval. Les terreurs que le dé-
 lire fait éprouver à la pauvre insensée sont décrites avec une
sensibilité d'autant plus touchante qu'elle est exempte de toute