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467 breux motifs pour croire que cette contrée, très ouverte dès Jors, et aujourd'hui si fertile, eut aussi fort anciennement l'avantage de nombreux et riches vignobles. Mais, si tout ceci ne forme cependant que des conjectures plus ou moins plausibles, on trouvera quelque chose de plus positif dans le témoignage d'un écrivain lyonnais, qui constate l'existence de vi- gnobles dans le territoire de sa patrie à une époque reculée. Cet auteur n'est autre que saint Sidoine AppoUinaire, et le témoignage dont je parle est consigné dans une petite pièce que, de la ville de Clermont, dont il était déjà le premier pasteur, et qu'il appelle sa seconde patrie, il adressait à son ami Ommatius, en l'invitant à un frugal repas. Je n'en citerai que ces jolis vers où l'on retrouve tout l'esprit de leur aimable auteur (1) : Nec scyphus hic dabitur, rutilo cui forte métallo Crustatum stringat torlilis ansa latus. Vina mihi non sunt Gazetica, Chia, Falerna, Quœque Sareptano palmile missa bibas. Poculn non hic sunt illustria nomine pagi Quod posuil nostrisjpse Triumvir agris. Tu lamen ut renias pelimus : dabit omnia ChriUus, Hic mihi qui patriam fefiit amore tuo (2). Ici, il est de toute évidence que la contrée désignée par ces mots nostris agris ne saurait être celle qu'habitait alors saint Sidoine, l'Auvergne: à Clermont, il n'aurait pu dire bien certainement pocula non hic sunt, etc. Il demeure donc non moins évident qu'il veut parler des vins que produisait le territoire lyonnais dont la cité l'avait vu naître. La place que le poète leur donne à côté des vins célèbres de la Palestine, de la Grèce et de l'Italie, semble nous indiquer l'es- time qu'on faisait alors du produit de nos vignobles. Le vers, Quod posuil nostris ipse Triumvir agris, (1) Carm. XVII, v. 9. (2) Toutes les éditions portent en effet tuo ; je voudrais qu'il y eût sm, ce qui me semblerait plus rationnel et plus juste; mais je n'ose, sans autre auto- rité, proposer cette leçon. '.