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 donnant à leurs vins(l). Pline lui-même mentionne ce procédé en
 plus d'un endroit (2). Nous savons aussi que les anciens enduisaient
de poix les vaisseaux dans lesquels ils conservaient leurs vins (3), et
 ceux-ci pouvaient s'imprégner plus ou moins du goût de ces vais-
seaux, comme il arrive à ceux que les modernes Espagnols mettent
encore dans des peaux de bouc. Il paraît, en général, que les en-
fants de Romulus avaient sur les qualités des vins qu'ils buvaient
des idées fort différentes des nôtres, et ce genre de manipulation
est une des nombreuses preuves que leurs écrivains nous fournissent
à cet égard. Nous voyons, au reste, qu'ils attribuaient aux vins ainsi
préparés des propriétés salutaires ou médicinales (4); c'était peut-être
un des motifs de cette coutume, autant que leur goût, dépravé à
force de recherches.
   Jusqu'ici il n'a pas encore été question nommément des vins du
Lyonnais, ou du Beaujolais, dont il existe aujourd'hui tant de varié-
tés, plus ou moins renommées. Il est à croire néanmoins que les
coteaux des environs de notre ville, si heureusement situés sur la
rive droite du Rhône, depuis Sainte-Foy jusqu'au dessous de Con-
drieu, ne restèrent pas étrangers, sous la domination romaine, à un
genre de culture qui fait aujourd'hui leur richesse : une partie des
vins que Pline donnait à la Viennoise croissaient vraisemblablement
sur cette rive droite; et ceux-ci, la colonie de Plancus a droit de les
revendiquer plutôt que la cité des AUobroges. Quant aux contrées
qui portent aujourd'hui le nom de Beaujolais, la qualité de leurs vins
modernes, le voisinage de la Saône qui les baigne et la grande voie
militaire qui les longeait, allant de Lugdunwm à Matisco, et dont une
station, Assa Paulini, située dans ces cantons mêmes,nous est con-
nue par les itinéraires anciens (5), tout cela nous fournit de nom-
    Ci) De re rust. XV, 23.
   (2) Nat. hist. XIV, 19 (24) ; 20 (23).
    (3) Columel., De re rust. XI, 2.—PalIad.,De re rust. X, 11. — Plin.,iVa<.
hist. XIV, 20 (23) ; etc.
   (4) Plin.,iVaî. hist., XXIII, 1 (24).
    (5) Ou croit communément que c'est la petite ville d'Anse ; et cela me pa-
rait tout-à-fait hors de doute.