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243 ses livres, il avait plus que tout autre contribué à le répan- dre; elles savaient enfin que sous ses auspices et sous ses ins- pirations paraît un journal qui se distingue entre tous les autres par la nouveauté et par la fécondité des idées. M. Victor Considérant n'a donc pas dû être surpris de se trouver, dès sa première leçon, en présence d'un audiloire qu'une salle immense pouvait à peine contenir. Ceux qui dans le missionnaire de la doctrine nouvelle s'étaient at- tendus à trouver un prédicateur ardent et passionné, ont été bientôt désabusés. M. Victor Considérant ne s'adresse ni au sentiment, ni à l'imagination, il ne prêche pas, il enseigne, il démontre, et cette parole si simple, si dénuée de toute prétention, témoigne peut-être une foi et une confiance plus grande dans la vérité de ses doctrines qu'une parole animée par l'éloquence et par la passion. L'intérêt qu'il a excité, le succès qu'il a obtenu, ne sont dus qu'à la nouveauté et à la vérité des idées qu'il a développées. Le fouriérisme, tel que M. Victor Considérant nous l'a- exposé, n'est point le fouriérisme pur et complet. Il en a soigneusement retranché toute la partie la plus fantastique et en même temps la plus contestable. Il nous a seulement in- troduits, pour me servir des termes de Fourier, dans le monde de la demi-harmonie. Je suis bien loin, pour ma part, de lui en faire un reproche. Sans doute, le fouriérisme ainsi représenté perd beaucoup de sa puissante originalité; il n'est plus animé de cette sorte de grande poésie épicurienne, dont il a été empreint par le génie de son auteur; mais ce qu'il perd en originalité, en verve, en poésie, il le gagne, selon nous, en vérité. M. Victor Considérant l'a réduit à un simple système d'association, soit des intérêts agricoles, soit désin- térêts industriels, à un système d'économie politique, et c'est seulement sous ce point de vue que je me propose de le con- sidérer. Mais si nous avons été satisfait, dans l'intérêt de cette