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228 Au reste , si la nature de nos recherches me faisait repousser le terme d'origines, l'époque à la quelle nous remonterons me permet peut-être de l'adopter. La poésie italienne ne commencera pas pour nous avec la langue toscane. La poésie est un état de Pâme, avant d'être un son de la voix. Or, croirons-nous qu'à un jour donné du XII e siècle, sur celte terre jusque là muette , soit descendu tout à coup le souffle poétique ; que tant de générations se soient succédé impassibles t é m o i n s , à la vue de ces mêmes montagnes, aux rives de ces mêmes fleuves, dans le sein de celte même nature dont les embrassements furent dans la suite si féconds pour le génie ? Quoi! avant les poètes de Sicile et de T o s c a n e , ce ciel si c h a u d , cette terre si pleine d'accidents gracieux et terribles n'aurait-elle rien dit au cœur de l'homme, ou l'homme n'aurait-il pas eu d'ame pour l'en- tendre, de voix pour lui répondre. Ne pensez p a s , MM., que je veuille ici faire allusion à la poésie latine et la rattacher à mon enseignement. Non, la poésie de Rome n'est pas la poésie italienne ; Rome n'est pas l'Italie ; Rome c'est le pouvoir, c'est la conquête, c'est la main qui enchaîne ou plutôt le pied qui écrase. L'impérieuse cilé imposa à l'Italie vaincue la poésie enlevée à la Grèce vain- c u e , elle entassait ainsi butin sur b u t i n , et chargeait son esclave des dépouilles de sa victime. Mais sur ce sol italien, ne pourrait-on pas trouver encore sous la lave romaine quelques débris desséchés de fleurs autrefois fraîches et brillantes ? Ne reste-t-il plus rien de l'esprit poétique qui dût animer ces populations vierges du L a t i u m , cette mystérieuse et sacerdotale E t r u r i e , ces braves et farouches Samnites . Alors aussi battirent de nobles cœurs, alors régnèrent de poétiques m œ u r s , de sombres ou gracieuses croyances. Alors aussi, sans doute, on chanta les c o m b a t s , on rêva au bord des fontaines. Peut-être avant le favori de Mécène, le bois de Tibur ou la Cascade d e l'Anio avait-elle déjà vu un Horace.