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M rieur a reçu les modifications que les nouveaux venus y ont apportées sans malice ; mais l'extérieur n'a encore rien cédé au temps de son architecture et de sa forme attachante. Aussi s'élonne-t-onquece monument du moyen-âge encore bien conservé, et si heureusement situé, n'ait pas plus de vi- siteurs aujourd'hui. La dame de Jasez dota ce couvent de beaux domaines^ mais elle t i n t a ce que cette transmission n'eut pas lieu de sa part, à titre gratuit. Elle réclama, en échange, la parcelle de six pieds carrés en Paradis, dont il a été parlé comme condition première de sa fondation. Les chapitres généraux furent con- sultés, et le contrat intervint, tel que la châtelaine le désirait. Les notaires commençaient à cette époque à garder mi- nutes de leurs actes. Ils écrivaient entourés de nombreux t é - moins, dans un lieu public, souvent dans une église, parfois au milieu des champs, dans un cimetière, ou dans la cour d'un château. La mutation de la chose vendue, donnée ou albergée se consommait par la tradition symbolique d'une plume, d'une feuille ou quelques brins de paille, d'un peu de terre, et l'on retrouve encore ces gages fragiles dans les plis des anciens titres. Un ancien notaire du canton de Rive-de-Gier a déclaré avoir vu la minute de ce contrat, même depuis la révolution de 1789. Elle aurait échappé aux flammes allumées par la motion de Condorcet à la tribune de la Convention. Le symbole de la tradition avait été, à ce qu'on rapporte, de la part de la princesse, une feuille de chêne et de la part d e l'ordre, un brin du cilice de Saint-Bruno. L'acte se serait for- mulé, la foule présente, sous les ormes du Conseil, près le châ- teau-fort de Saint-Paul qui n'est plus ; on se serait muni du signe de croix et tous les saints du Paradis y seraient invoqués selon la formule de l'époque. Quelques-uns parlent aussi d'un testament olographe, mais comme il s'agissait ici de l'œuvre pie, un acte de ce genre n'au-