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rail pas été valable au pays de droit écrit, à ce que d'autres
rapportent.
   Quoi qu'il en soit, la châtelaine ne vécut pas longtemps
après cette fondation mémorable, il lui fut donné pourtant
d'en jouir un peu et de la voir prospérer. Encore une fois,
sa mort fut naturelle et non violente. Elle se mit en marche
pour aller prendre possession de ses six pieds carrés en Pa-
radis.
   Mais, à savoir, disent les bonnes gens, si saint Bruno l'aura
voulu à côté de l u i , et si saint Pierre lui aura ouvert les por-
tes du Paradis pour la faire arriver à son emplacement.
   Il est probable que non. Car si la dame de Jarez avait été
reçue en Paradis, ajoutent-elles encore naïvement, après elle,
on n'aurait pas fait durer aussi long temps la quinlaine qui est,
au dire de tous, une punition de Dieu contre la maudite.
   Celte quinlaine, en plusieurs lieux, était, au moyen-âge,
un droit seigneurial, en vertu duquel les meuniers, les bate-
liers ou des jeunes gens à marier se trouvaient tenus de ve-
nir devant le château r o m p r e tous les ans quelques perches eu
forme de lances pour le divertissement du seigneur.
   Cet exercice date d'une époque fort ancienne, la loi r o -
maine en parle (1). Un vieil auteur dit que quinlaine vient de
Qainlus son inventeur; et un autre, que quintainey'ienl de quin-
tus, jeu qui se faisait chez les anciens, tous les cinq ans.
   La population du Jarez, aussitôt après la mort de la prin-
cesse, employa ce jeu à rendre public son ressentiment con-
tre la châtelaine. Un souvenir de vieilles représailles se mêlait
au divertissement du peuple et doublait sa joie.
   Encore à présent, aux fêtes baladoires, on joute contre l'ef-
figie de la dame de Jarez, dans plusieurs communes de cette
ancienne principauté.
   A saint Paul, par exemple, le 25 janvier, chaque année, on
reconstruit la cage qui a servi à promener l'ogresse, avant

  (1) Loi 1 au code de Alentoribus.